L’autopsie des corps obéit à un long processus aux règles scientifiques et juridiques très strictes.
Comme pour d’autres catastrophes aériennes (accident du Concorde en 2000, crash de Charm el-Cheikh en 2004…), les experts de l’Institut médico-légal tenteront d’identifier les victimes en comparant les dossiers ante et post mortem. Le premier est un recueil d’informations fournies par la famille et les médecins de la victime : fractures, prothèses, opérations subies, bijoux, tatouages ou encore plombages et couronnes dentaires. « Les dents sont très précieuses pour identifier un cadavre, explique Josiane Pujol, chirurgien-dentiste et expert en ondotologie médico-légale. D’une part, il serait totalement exceptionnel qu’il existe deux formules dentaires identiques. D’autre part, une dent ne se dégrade jamais : on a même retrouvé celles de certains hommes préhistoriques. » Le rapport post mortem est établi par les médecins légistes à l’issue des examens pratiqués sur le cadavre. Un logiciel se charge ensuite de rapprocher les deux dossiers, afin d’établir des correspondances et de permettre l’identification.
Pas forcément. « Après un séjour dans la mer, l’état d’un corps est très variable, en fonction de nombreux facteurs comme l’imprégnation de l’eau », souligne Sophie Gromb, chef de service de médecine légale du CHU de Bordeaux. Si le froid et l’absence d’oxygène des grandes profondeurs ont pu favoriser une bonne conservation, la violence de l’accident risque de compliquer la tâche des enquêteurs. « Lors d’une catastrophe aérienne, les corps sont toujours très abîmés, indique Josiane Pujol. Certains sont morcelés, d’autres brûlés, voire pulvérisés. » Dans les cas les plus difficiles, les médecins légistes examineront l’ADN prélevé dans les muscles, les os ou la pulpe des dents. Ce marqueur génétique peut révéler une identité des dizaines d’années après un décès… à condition d’être bien conservé. « On ignore si l’ADN sera exploitable, car c’est la première fois qu’on retrouve des corps dans de telles conditions, rappelle Marie-Hélène Cherpin, directrice générale du laboratoire d’empreintes génétiques Biomnis et ancienne directrice du laboratoire de police scientifique de Paris. Les bactéries présentes dans l’eau attaquent l’ADN et le cassent en petits morceaux, or il faut des fragments suffisamment longs pour procéder aux analyses. Mais la fraîcheur de la mer a pu ralentir la prolifération bactérienne. »
L’identification des cinquante premiers corps repêchés juste après le crash avait duré deux mois. Pour les autres, tout dépend de l’état des cellules ADN. « Si elles ne sont pas trop dégradées, l’identification peut prendre quelques jours, affirme Marie-Hélène Cherpin. En revanche, si les analyses portent sur de petits fragments, elles pourraient durer plusieurs mois. Lorsque nous avons travaillé sur les restes humains de Charm el-Cheikh, nous avons attendu six mois pour obtenir des résultats fiables. » Car l’isolement de l’ADN ne suffit pas : encore faut-il savoir à qui il appartient. « On compare l’empreinte génétique de la victime avec celles des membres familiaux les plus proches, comme les parents ou les enfants, poursuit cette spécialiste. Si ce n’est pas possible, on élargit les recherches aux frères et sœurs. En dernier recours, on se base sur des objets saisis au domicile du défunt susceptibles de contenir de l’ADN : mouchoir, brosse à dents… » Pour chaque dépouille, les médecins légistes statueront au cas par cas. S’ils disposent d’éléments d’identification probants, ils décideront collectivement s’ils peuvent attribuer officiellement une identité au corps. Au moindre doute, ils engageront des recherches supplémentaires, afin d’éviter toute erreur.
Voici les principales conclusions des experts judiciaires sur l'accident du Rio-Paris en 2009, ...
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