Deux mois après avoir subi une violente agression sexuelle en Egypte, une reporter de guerre américaine sort du silence pour raconter son cauchemar.
La voix est assurée, le regard franc. Dans son tailleur sombre, alors qu’elle accorde une interview à un journaliste de CBS News, Lara Logan a l’air de ce qu’elle est : la correspondante en chef des affaires étrangères d’une des plus grandes chaînes de télévision américaine. A 40 ans, cette frêle blonde aux yeux bleus n’a rien d’une débutante. Née en Afrique du Sud, elle est devenue une des reporters de guerre les plus connues des Etats-Unis après avoir couvert les conflits en Irak et en Afghanistan. L’expérience qu’elle vient partager ce 1er mai dans l’émission phare de la chaîne qui l’emploie la ramène pourtant à la triste condition de femme victime d’une violente agression sexuelle. Cela sera sa seule interview, car elle ne veut pas « être définie par ce drame ».
Lara Logan a suivi les conflits les plus violents du XXIe siècle. C’est pourtant en Egypte qu’elle aura connu le plus grand effroi de sa carrière. Lorsqu’elle arrive au Caire, au début du mois de février, elle n’est pas seule ; un producteur, un caméraman, un guide égyptien, deux chauffeurs autochtones et un garde du corps américain l’accompagnent. Après avoir été interrogée pendant près d’une semaine par les autorités, l’équipe accède finalement à la place Tahrir, lieu emblématique de la révolution, le 11 février, jour de la démission du président Hosni Moubarak. 100.000 personnes sont rassemblées pour célébrer la chute du régime. « L’ambiance était électrique. J’étais très angoissée d’y aller, mais c’est le genre de moment de l’histoire qu’on ne veut pas manquer. C’était une ambiance très physique, tout le monde se poussait. » Après une heure de tournage sans encombres, l’équipe est obligée de s’arrêter au milieu de la foule à cause d’une panne de batterie de caméra. C’est à ce moment-là que l’ambiance commence à changer. Bahar, le guide égyptien, regarde Lara et lui dit : « Il faut qu’on sorte d’ici tout de suite. » Il a entendu des hommes se crier en arabe « enlevons-lui son pantalon ». Une foule de 200 ou 300 personnes les entourent alors. Puis l’une d’elle hurle que Lara est une Israélienne. « Sans que je comprenne ce qui se passait, j’ai senti des mains qui m’agrippaient la poitrine et l’entrejambe. Mon sweat a été arraché, mon tee-shirt était remonté au niveau de mon cou. J’ai compris qu’ils avaient défait mon soutien-gorge quand j’ai senti l’air sur ma peau et mes seins. Puis ils ont arraché mon pantalon et j’ai senti mes sous-vêtements partir. A ce moment-là, j’ai levé la tête et j’ai vu qu’ils me prenaient en photo avec leurs téléphones portables. J’ai crié. Je me suis dit que si je criais, ils allaient arrêter, comprendre que ce qu’ils faisaient était mal. C’est tout le contraire qui s’est passé. Plus je criais, plus ils étaient excités. Ma souffrance leur faisait plaisir, elle les rendait plus violents encore. »
A ce moment-là, les autres membres de l’équipe ont été dispersés par la foule. Seul Ryan, son garde du corps, est encore là et lui tient la main à travers la marée humaine qui les sépare. « Ryan me criait : “Ne me lâche pas”. » Il ne me restait plus que lui. Je me disais que si je le perdais, c’était la fin. » Quand il est éloigné par ses agresseurs, la journaliste perd espoir. « J’ai vu dans son regard qu’il pensait que j’allais mourir […] Les hommes me violaient avec leurs mains, ils tiraient mes membres dans tous les sens, mes muscles étaient complètement distendus. Ils me tiraient les cheveux par grosses touffes, pour me les arracher. Je ne sentais même plus les coups qu’ils me portaient, tout ce que je sentais, c’était le viol qui n’en finissait pas. »
Son supplice dure près d’une demi-heure avant qu’un groupe de femmes égyptiennes voilées de la tête aux pieds n’intervienne. « Je suis tombée aux pieds d’une femme dont je ne voyais que les yeux. Elle a mis ses bras autour de moi pour me protéger. Puis des soldats égyptiens sont arrivés. Je me suis agrippée au premier qui passait et je ne l’ai pas lâché. » Raccompagnée en lieu sûr, elle retrouve son producteur. « Il est tombé à genoux devant moi en pleurant “je suis désolé, je suis désolé”. » Rapatriée à Washington le lendemain, Lara Logan a pu retrouver son mari et ses deux jeunes enfants après quelques jours d’hôpital. Deux mois après sa dramatique expérience, elle est prête à reprendre du service en Afghanistan ou dans d’autres zones de conflits, mais ne veut pas revenir au Moyen-Orient. Elle confie : « C’est l’essence même de ce que nous faisons, l’information et la communication, qui défait ces régimes. C’est ce qui fait de nous des ennemis, que nous le voulions ou non. »
C' est avec horreur que j'ai appris il y a quelques jours que plusieurs femmes avaient été victimes d'agression sexuelle, comme Lara Logan... dans la conjoncture égyptienne actuelle, certes, c'est un métier à risques que celui que font nos reporters, photographes et cameramens, mais je demeure atterrée par tant de lacheté, de barbarie à l'encontre des femmes libres que sont les Européennes - c'est ainsi qu'elles sont perçus par certains Egyptiens, hélas... La Liberté doit-elle etre punie, brimée, souillée, alors qu'elles sont là pour rendre compte de ce qui se passe là-bas, dans des conditions parfois extrémement difficiles ?
A méditer... Bon courage à Lara et à toutes les femmes qui ont été victimes de tels actes.
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