A la fin de sa vie, Francis Mariani ne faisait plus confiance à personne. Il a fini par avoir raison. A titre posthume. Après sa mort, le parrain corse aurait été balancé par ses hommes de main et son héritage récupéré par ses anciens frères d'armes de la Brise de mer, ce gang bastiais qui pendant 30 ans a nargué les autorités.
Il y a deux semaines, 18 proches de Mariani ont été placés en garde à vue à Paris, Marseille et Ajaccio. Un vaste coup de filet qui a abouti à quatre mises en examen. Officiellement, il s'agissait d'éclaircir la dernière cavale du parrain. Selon des informations concordantes et exclusives, les enquêteurs s'intéressent surtout à la vendetta orchestrée contre ceux supposés l'avoir trahi.
Rappel des faits : Janvier 2009, Francis Mariani trouve la mort avec un ami d'enfance dans l'explosion d'un hangar isolé en Haute-Corse. La justice penche pour un accident. Les proches de Mariani pensent à un assassinat.
Le fournisseur d'explosifs disparaît
La parano règne depuis que Francis est entré en guerre avec Richard Casanova, autre membre influent de la Brise, qui sera abattu en avril 2008. Mariani veut éliminer Jean-Luc Germani, le beau-frère de Casanova, qu'il soupçonne d'avoir tiré sur sa Porsche. Il commande alors à un certain Mickaël Cantelli des explosifs, c'est en les manipulant qu'il va trouver la mort.
Mais le clan de Mariani est persuadé qu'il a été trahi et ses explosifs piégés. Depuis le 4 février 2009, Mickaël Cantelli n'a pas donné signe de vie. Une disparition classée «
inquiétante » par les autorités...
Un autre soldat de Mariani, Claude Chossat, est suspecté d'avoir été de mèche avec Cantelli. Il faut dire que, comme l'avait révélé Le Monde, Chossat s'est épanché en garde à vue. Il a raconté que Mariani avait abattu celui qui était présenté comme son plus fidèle lieutenant, Daniel Vittini, et tué Richard Casanova. Certes, le repenti ne parle que des morts mais il parle tout de même. Trahison, estiment ceux qui continuent d'honorer la mémoire du parrain. D'après une source judiciaire, Claude Chossat n'aurait fait aucune demande de remise en liberté...
Querelles autour d'un héritage
Enfin, les policiers souhaitaient interroger Jacques, le fils de Francis, qui, depuis sa prison où il purge une peine de 15 années de prison pour le meurtre d'un nationaliste, aurait cherché à récupérer les investissements de son père au sein de la Brise de mer. Mais, d'après plusieurs sources, des divergences de point de vue sur la comptabilité seraient apparues avec certains des frères d'armes historiques de son père, notamment Pierre-Marie Santucci et Francis Guazzelli. Deux hommes qui, depuis, ont eu aussi connu une fin brutale.
«
Jacques ne récupérera plus les investissements de son père. Il est totalement isolé », assure un policier marseillais. Il n'a pas été possible de contacter l'avocat de Jacques Mariani, mardi, mais Pascale, sa soeur jumelle, elle-même placée un temps en garde à vue, s'est insurgé dans Corse-Matin de la vague d'interpellations : «
On est censé rechercher les causes de la mort que l'on ignore toujours (celle de son père NDLR)
et l'on met les victimes en garde à vue ! »
Par
Brendan Kemmet et Matthieu Suc