Les attaques menées à New York et Washington auront marqué toute une génération, bouleversant le monde dans lequel on l'avait jusqu'ici élevé.
Des « semelles de plomb », selon l'expression consacrée par Oskar Schell, le héros du roman de Jonathan Safran Foer, Extrêmement fort et incroyablement prêt. Le jeune Oskar a perdu son père le 11 septembre 2001. Il tente, un an après, de redonner un sens à sa vie orpheline en découvrant ce qu'ouvre une clé découverte dans le bureau de son père. Sa quête est difficile et lui colle, parfois, des « semelles de plomb ».
Un an après. Dix ans après. Le constat est le même. C'est l'un des enseignements des attentats perpétrés à New York et Washington. Le 11 septembre n'a pas changé le monde. C'est le lendemain, le mercredi 12, alors que l'Occident se réveillait médusé, qui a bouleversé nos vies.
L'auteur de ces lignes fait partie d'une génération qui a grandi avec le 11 septembre, passant en une après-midi du statut d'adolescent encore rêveur à celui de « presque » homme désabusé. Pour cette génération-ci, le 11 septembre 2001 a sans doute la même résonance que la chute du mur de Berlin pour la précédente. L'espoir en moins. C'est sur les cendres du World Trade Center que s'est bâti son monde, elle qui avait déjà dû grandir avec les gros mots issus des années 80, 90. Il y avait eu le Sida, le chômage. Il aura fallu ensuite composer avec le terrorisme et le cynisme d'un monde pouvant envisager son anéantissement.
Afghanistan, Irak. Deux conflits sont nés des attaques du 11 septembre. Ces guerres n'étaient sans doute pas les meilleures réponses à apporter aux attentats mais, pour au moins l'une d'entre elle, la nécessité d'une réaction aura tout excusé.
Dans nos pays occidentaux, c'est la sécurité qui a empli nos vies. Police et surveillance. Parfois insuffisante comme ce fut le cas lors des attentats de Madrid, en 2004, et de Londres, en 2005. Depuis dix ans, la psychose est là, parfois éteinte sous le couvert des habitudes mais sûrement présente.
En septembre 2010, la France plongeait dans la psychose et les autorités faisaient état d'un grand risque de menace terroriste. Il y a quelques jours, un Français d'origine algérienne, fonctionnaire de la mairie de Tremblay-en-France, en Seine-saint-Denis, a été menacé de révocation parce qu'il portait une trop longue barbe... Deux exemples distincts, à deux échelles différentes, qui illustrent le climat délétère en vigueur depuis dix ans.
« La folie d'un front froid balayant la Prairie en automne. On le sentait : quelque chose de terrible allait se produire », peut-on lire au début des Corrections, de Jonathan Frazen, paru en septembre 2001, comme si l'auteur avait imaginé l'inimaginable. La suprématie occidentale, supposée intouchable, est morte comme se sont écroulées les deux tours jumelles new-yorkaises. C'est l'art, comme toujours, qui l'a le mieux décrit. De nombreuses œuvres littéraires ont évoqué la perte de repères de cette « génération 11 septembre ». Extrêmement fort et incroyablement prêt, donc, de Jonathan Safran Foer, Lunar Park de Bret Easton Ellis, Les enfants de l'empereur de Claire Messud, La belle vie de Jay McIerney...
Au cinéma aussi, on a évoqué cet après, comme Spike Lee dans La 25e heure ou Michael Moore et son Fahrenheit 9/11, Palme d'or du festival de Cannes. Il y eu aussi The Dark Knight, de Christopher Nolan, propre à cette génération nourrie aux super-héros. Le film est l'une des meilleures illustrations de l'Amérique des années 2000 et de la paranoïa ambiante. L'ennemi de Batman, le Joker, est le diable incarné, un homme qui n'a pour seule ambition que de « voir le monde bruler ». Mais le Joker, bandit grimé et amoral serait-il né si un justicier déguisé en chauve-souris n'était lui-même apparu ? La référence à Ben Laden, formé par la CIA pour lutter contre les Soviétiques, est à peine voilée.
Le monde a changé. Celui de cette génération. Même celui des super-héros. Parfois pour le meilleur cependant. Les révolutions arabes auront été la plus belle réponse apportée aux terroristes d'al-Qaida, à cette croisade menée contre nos démocraties.
Sur les places du Caire, comme dans les rues tunisiennes, libyennes, syriennes, le souffle libertaire aura été attaqué par les balles et la répression des dictatures. Mais les jeunes de ces pays, eux-aussi d'une certaine manière enfants du 11 septembre, auront montré au monde entier que l'immense majorité des musulmans a bien soif de démocratie.
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