Le dictateur adresse à son peuple et aux pays étrangers par une fin de non recevoir. Les autres dirigeants libyens démissionnent peu à peu.
Le décor est surréaliste. Dans son palais qui garde les stigmates du bombardement américain de 1986, Mouammar Kadhafi, s'exprimant pour la première fois en direct depuis le début de la révolution libyenne, s'est présenté mardi en fin d'après-midi en martyr et en héros de la révolution, sa révolution. En costume traditionnel, derrière ses lunettes fumées, il a martelé avec virulence qu'il ne se « retirerait pas » et qu'il « mourrait comme un martyr ». Prêt à tout, et surtout au pire, le dictateur harangue l'armée, lui intimant l'ordre de reprendre la situation en main. Il incite ses soutiens à combattre les révoltés et menace de mort toute personne qui prendra les armes contre la Libye « en accord avec la loi ». Son regard porte sur une foule qui n'existe pas mais qu'il appelle à sortir dans la rue dès demain pour chasser les révoltés et empêcher la guerre civile. Brandissant son poing, seul face à une caméra, entre deux phrases enflammées, il ponctue son discours fleuve et rageur de silences qui loin d'aveux de faiblesse sont plutôt une lourde et grave menace.
Alors que la situation ne cessait d'empirer, Navi Pillay, haut-commissaire des Nations unies aux Droits de l'homme, s'est prononcée hier pour l'ouverture d'une enquête internationale sur la répression des manifestations en Libye, estimant que des crimes contre l'humanité avaient peut-être été commis par les forces de sécurité. Jean-Marie Fardeau, directeur du bureau parisien de l'organisation Human Rights Watch, contacté mardi soir, a fait état de « soldats en Land Cruiser masqués qui tirent à vue dans les rues de Tripoli. Même si une accalmie s'est fait ressentir aujourd'hui la situation reste très inquiétante. On nous a fait part de 62 morts comptabilisés dans deux hôpitaux tripolitains... Il y en a d'autres et il n'est pas certain que tous les morts arrivent jusque-là. On doit être dans des chiffres bien supérieurs. » Globalement l'organisation faisait état la veille de 233 morts depuis le début du mouvement. La Fédération internationale des Ligues des Droits de l'homme (FIDH) avait avancé le chiffre de « 300 à 400 » morts dans le pays. Les témoins ayant fui le pays racontent des nuits de terreur.
Les hommes de Kadhafi et des mercenaires tirent dans tous les sens, arrêtent, braquent, violent. A terre, les blessés perdent leur sang sans être secourus. L'aéroport de Tripoli, bondé, accueille des centaines d'expatriés cherchant à quitter le pays. Les pays européens se pressent de les rapatrier. Ainsi, deux avions envoyés par la France ont pu atterrir hier soir à Tripoli. Dans le même temps, plusieurs dirigeants libyens faisaient défection de même que des diplomates en poste à l'étranger. Sur le plan économique, l'escalade meurtrière a entraîné une hausse des prix du pétrole à des niveaux inédits depuis 2008. L'Opep s'est dit prête à réagir si besoin, l'Arabie saoudite assurant qu'elle pourrait augmenter sa production.
« Kadhafi est la révolution et il ne présentera jamais sa démission. La révolution exige un sacrifice permanent jusqu'à la mort. »
« Mouammar Kadhafi nettoiera la Libye maison par maison. »
« Les manifestants sont des rats et des mercenaires. »
« Mouammar Kadhafi est le chef de la révolution, je ne suis pas un président qui démissionne. C'est mon pays. Mouammar n'est pas un président qui abandonne son poste. Mouammar est le chef de la révolution jusqu'à la fin des temps. »
« Rendez vos armes immédiatement, sinon il y aura des boucheries. »
« Je ne peux pas faire marche arrière par rapport à mes ancêtres. »
« Il faut être digne de la Libye et c'est un défi de l'Amérique. »
« Ceux qui détiennent les ficelles sont chez eux ou à l'étranger. »
« On ne peut pas battre Kadhafi par une simple manifestation. »
« A Benghazi, ils ont été drogués par les Anglais et les Américains. »
« Pourquoi avez-vous peur ? Ces bandes ne représentent rien. »
« Voulez-vous que la Libye ressemble à l'Afghanistan ou à la Somalie ? »
« Ecoutez-moi bien ! Ecoutez-moi bien ! Je n'ai pas fait encore usage de la force. »
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