Un ex-ouvrier a décidé d'assigner EDF en justice pour ne pas l'avoir informé des dangers qu'il encourait lorsqu'il travaillait dans la centrale nucléaire de Gravelines, dans le Nord.
C'est surtout lorsque la nuit tombe et que le calme revient dans sa maison que Philippe se met à réfléchir à ce qui s'est passé dans sa vie. Il se rappelle ces années travaillées dans la centrale nucléaire de Gravelines, dans le Nord, au contact de matières radioactives. Et vit désormais avec la crainte quotidienne que son corps ne déclenche une maladie, en réaction à cette période dangereuse de sa vie.
Une épée de Damoclès qui le pousse aujourd'hui à attaquer EDF en justice, pour « préjudice d'anxiété ». « Je veux qu'EDF reconnaisse qu'elle ne nous a pas informé des risques que l'on encourait à l'époque. Je veux faire le jour sur ce scandale », confie-t-il, la voix minée.
Retour en arrière, en 1985, dans l'Aisne. Philippe Crivelli n'a alors que 25 ans lorsque la société d'isolation industrielle pour laquelle il travaille, Cape Socap, l'envoie en mission dans la centrale nucléaire de Gravelines, dans le Nord. Les missions vont s'étaler entre 1985 et 1989. « On était sous-traitants pour EDF. On nous avait dit qu'on ne courait aucun risque, tant qu'on ne dépassait pas un certain taux de radiation par mois... » Dociles, Philippe et ses camarades ne se posent pas de question. À l'époque, en 1985, les médias parlent peu du risque radioactif. Tchernobyl n'a pas encore explosé.
Et pourtant, aujourd'hui, il reconnaît que des signes auraient û lui mettre la puce à l'oreille. « On commençait le travail à 5 heures le matin, jusqu'à 13 heures. En sortant, on était complètement crevés, et ce n'était pas à cause du travail ! On dormait toute l'après-midi à l'hôtel, on se relevait pour dîner, et on se recouchait à 2 heures, jusqu'au lendemain. À 25 ans, ce n'est pas normal. Mais nous, on ne s'en souciait pas spécialement. Aujourd'hui, je suis convaincu que les doses de radioactivité reçues à l'époque y étaient pour quelque chose. »
Selon son avocat, Me Emmanuel Ludot, Philippe Cravelli a conservé un carnet de l'époque, dans lequel EDF indiquait quotidiennement les doses de radioactivité reçues par jour par chaque ouvrier.
« Le système est très insidieux, puisque EDF calculait le taux admissible de doses par mois. Ce qui fait que si certains jours, les taux reçus étaient trop énormes, on mettait mon client au repos quelques jours, pour qu'au final, la moyenne sur le mois soit en deça de la limite légale. À cause de ce système, certains jours, il a été exposé à des taux extrêmement élevés, qui seraient inacceptables aujourd'hui ! Tout cela, EDF le savait. Et elle n'a rien dit sur la dangerosité de l'activité », accuse l'avocat.
Aujourd'hui, à 52 ans, Philippe Cravelli refait l'histoire. Il s'interroge sur ses compagnes, tombées enceintes, et qui n'ont jamais réussi à mener la grossesse à terme. « Est-ce à cause de moi ? À cause de ces années noires ? Ça me mine. J'y pense quand je me couche. Je fais des cauchemars. Et je pense à tous ces gens qui travaillent encore en tant que sous-traitants pour EDF dans les centrales nucléaires, avec des salaires misérables. »
Philippe Crivelli n'est pas un hypocondriaque. À 50 ans, il y a deux ans, il a été mis en retraite forcée à cause d'une exposition à l'amiante durant sa carrière, après les quatre années passées à la centrale nucléaire. On lui a détecté des plaques pleurales, soit des lésions aux poumons, consécutives à la manipulation de matériaux amiantés.
Il attend aujourd'hui d'EDF qu'elle reconnaisse l'avoir exposé à une activité dangereuse sans l'en informer. « Si c'était à refaire, et que je connaissais les risques, comme développer un cancer, je ne mettrais même pas un pied dans cette centrale ! Jamais ! Aujourd'hui, je suis un malade en sursis. »
Le tribunal des référés de Paris, saisi par Me Ludot, statuera le 4 juin prochain sur la première étape de l'assignation d'EDF pour « préjudice d'anxiété ». Il appartiendra ensuite au tribunal de grande instance de Paris de se prononcer sur son cas. Le préjudice d'anxiété a déjà été reconnu par le passé par la justice, notamment pour certains travailleurs de l'amiante.
Décidément ce monsieur n'a vraiment pas eu de chance : d'abord les radiations, ensuite l'amiante... Malheureusement dans le monde du travail, la santé des ouvriers ou employés ... Cela se voit encore avec tous ceux qui ont été exposés pendant des années à des produits dangereux (le perchloréthylène par ex.) stoppés depuis longtemps à l'étranger mais maintenus en France pour des questions de rentabilités. Vraiment la vie d'un homme n'a pas du tout une valeur égale à l'argent.
Ce travailleur doit porter plainte contre sarkozy, c'est lui le fautif dans cette affaire ! ! ! !
Je veux bien que Sarko n'ait pas que du positif dans son escarcelle, mais il faut arrêter de lui "foutre" au visage toutes les misères du monde; un peu ça va, trop c'est trop ! . . .
Mon prédécesseur est nommé chef d'escadrille (corps des andouilles volantes ) ! Il aura bientôt la légion d'honneur comme défenseur de sarko !!!
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