1. La Grèce est-elle la victime d’un complot ?
Victime des spéculateurs, sans aucun doute. Mais il n’existe pas de complot à proprement parler : la Grèce est soumise à l’appréciation des opérateurs des marchés financiers qui évolue, positivement ou négativement, en fonction des événements, des discours et des décisions politiques.
3. La France est-elle concernée par un risque de contagion ?
A en croire le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, il est peu vraisemblable que ce risque de contagion concerne notre pays. «
Paris et Berlin ne sont pas menacés par la crise grecque », a-t-il affirmé dans un entretien paru dans
Le Parisien, en soulignant l’absence de «
risque réel ». Mais il se plaît également à insister sur la nécessité de «
réussir à éviter la contagion en Europe », songeant naturellement à l’Espagne et au Portugal. En fait, notre pays présente un certain nombre de caractéristiques économiques et financières, qui, sans le mettre à l’abri d’une catastrophe, lui évitent d’être trop dangereusement exposé : l’importance de son PIB, son endettement relativement modéré par comparaison avec celui de certains Etats situés au sud de l’Union européenne, des acquis patrimoniaux d’envergure et un solide « gisement » de contribuables. Les agences de notation ne s’y trompent d’ailleurs pas en le gratifiant, comme l’Allemagne, d’une très bonne note de solvabilité.
3. La zone euro peut-elle exploser ?
Bien qu’il n’existe aucun mécanisme de gestion des crises économico-financières au sein de l’Union européenne – une carence dont on peut prendre aujourd’hui la mesure –, le risque d’une explosion reste
a priori faible, en raison de la puissance, en termes notamment de ressources, de l’Allemagne et de la France.
4. L’exposition des banques européennes à la dette grecque est-elle connue ?
Aussi curieux que cela puisse paraître, elle l’est plutôt mal. C’est-à-dire de manière aussi imprécise qu’incertaine. Sous la forme de simples estimations, de « fourchettes » financières. Certains établissements ont d’ores et déjà rendu public leur niveau d’exposition, mais d’autres se sont abstenus de le faire et d’autres encore n’ont pas nécessairement fourni des chiffres «
sincères et véritables »… Cette situation explique en partie la défiance des opérateurs des marchés boursiers qui redoutent d’être confrontés à un « cas de figure » un peu comparable à celui issu de la fameuse crise des « subprimes » en 2007. S’agissant des banques françaises, leurs engagements porteraient sur une cinquantaine de milliards d’euros de créances sur l’Etat et le secteur privé grecs.
Par
Jean-Pierre Thiollet et Philippe Cohen-Grillet