Le sociologue des religions Olivier Bobineau forme les futurs cadres musulmans de la République (aumôniers, responsables d’associations) à l’Institut catholique de Paris et enseigne à Sciences-Po.
Ces travaux (*) en font l’un des grands spécialistes français des politiques publiques en matière religieuse. Il explique pourquoi il s’oppose au débat sur l’islam et la laïcité, organisé aujourd’hui par l’UMP.
FRANCE-SOIR Existe-t-il, selon vous, un problème musulman dans la société française ?
OLIVIER BOBINEAU 98 % des musulmans sont intégrés dans notre société. Ce sont les 2 % restants qui posent problème. Avez-vous vu, ces derniers jours, beaucoup de musulmans manifester contre le débat qui se tient aujourd’hui ?
F.-S. Une partie de la majorité présidentielle semble penser que ce débat est nécessaire…
O. B. Prenons les questions concrètement, une par une, avec des chiffres précis. Les prières dans les rues ? Seulement dix portions de rues dont quatre à Paris, une à Nice et une à Marseille sont concernées. Les cantines scolaires ? Il n’y a aucune imposition de repas halal dans le pays. Le repas sans porc, quant à lui, est un acquis qui ne paraît pas poser de problème d’organisation.
F.-S. Revenons aux lieux de prières. Combien en compte-t-on en France ?
O. B. 2.000 environ (des salles de prières pour l’essentiel, NDLR). Un trentaine de minarets se trouvent désormais sur notre sol, dont deux ont une hauteur de plus de 30 mètres.
F.-S. Et la burqa ?
O. B. On dénombre environ 1.000 niqabs en France. Aucune burqa « pachtoune » par contre (avec un grillage en tissu qui masque les yeux).
F.-S. Possédez-vous aussi des données sur les hôpitaux ?
O. B. Cinq plaintes, en tout et pour tout, ont été déposées l’an dernier pour refus d’auscultation.
F.-S. Où trouvez-vous ces chiffres ?
O. B. Il est possible de les obtenir auprès des administrations centrales de chaque service public.
F.-S. Missoum Chaoui, responsable de l’aumônerie pénitentiaire d’Ile-de-France, avance le chiffre de 65 % de détenus musulmans dans les prisons françaises…
O. B. C’est même 80 % pour l’Ile-de-France. Pour ma part, je préfère parler de détenus de culture musulmane. Certains sont pratiquants, d’autres pas. Farhad Khosrokhavar, spécialiste de l’islam en prison, parle de première religion carcérale. Mais le problème est social, pas religieux. Ces gens-là sont issus des quartiers populaires où les politiques publiques ont toutes échoué. Et ces quartiers, c’est un fait, concentrent des populations musulmanes.
F.-S. D’une certaine façon, vous comprenez ces violences donc ?
O. B. Non, pas du tout. Rien ne peut justifier que l’on commette un crime ou un délit. Il n’y a pas d’excuses. Mais qui a fait venir les musulmans dans ce pays ? Les entrepreneurs français de 1959 à 1964. Une arrivée massive, par cargaisons entières ! Le problème de leurs enfants, c’est qu’ils sont doublement étrangers, doublement rejetés. En France où ils sont nés et dans le pays où sont nés leurs parents. Cela, les immigrés italiens ou polonais qui les ont précédés ne l’ont pas vécu. Vous rajoutez à ça la crise économique…
F.-S. Beaucoup de Français s’interrogent sur la capacité de l’islam à se fondre dans les principes de la laïcité.
O. B. L’Etat français s’est construit contre les religions depuis les massacres entre catholiques et protestants au XVIe siècle. Notre espace public s’est formé en opposition aux violences religieuses. Voilà pourquoi la laïcité est, en quelque sorte, devenue l’ADN de la République. C’est pour cela que lorsque l’on croise une femme voilée dans la rue, elle provoque un malaise en nous. C’est la raison de l’Etat contre la raison de l’Eglise.
F.-S. D’autres immigrés, d’autres cultures, paraissent s’intégrer avec plus de facilité…
O. B. Justement, la mémoire du conflit avec l’Algérie nous fait associer, par erreur, les musulmans aux Arabes, alors que l’on trouve – notamment – des musulmans asiatiques dans ce pays. Des hommes et des femmes dont on n’entend pratiquement jamais parler. Par ailleurs, l’installation définitive des musulmans en France s’est faite à la fin des années quatre-vingt. Et nous avons compris seulement depuis la fin des années quatre-vingt-dix qu’ils ne retourneraient pas chez eux. Songez au temps qu’il nous a fallu pour intégrer les Italiens, les Juifs ou les Polonais… Plusieurs générations !
F.-S. Certaines banlieues n’en demeurent pas moins hors du contrôle de la République. Ce n’était pas le cas avec les Italiens, les Polonais ou les Juifs…
O. B. Il existe seulement trois groupes pour se construire en société. Le premier, c’est le groupe d’origine. Quand ils retournent au bled, les Français musulmans en sont rejetés. Le second, c’est le groupe de référence : la République. Une référence en crise puisque nous vivons une époque où toutes les figures de l’autorité de l’Etat vacillent : les professeurs, les politiques, les prêtres, les patrons. Enfin, il y a le groupe d’appartenance : c’est la banlieue, avec ses codes vestimentaires, son langage (le verlan) et sa musique (le rap). C’est une quête identitaire, pas religieuse ! Une contre-culture qui se construit contre la culture dominante. Soit on décide de la désigner du doigt, soit on décide de l’intégrer. Que faisons-nous depuis des années ? On montre du doigt. C’est pourquoi il ne faut pas mener ce débat.
F.-S. Que faut-il faire alors ?
O. B. Ne plus diviser. La division du peuple est en train de devenir d’intérêt politique. C’est pourtant contre elle que l’Etat – qui incarne la paix civile – s’est bâti. « La sûreté, disait Montaigne, c’est de ne pas craindre ses concitoyens. » Nous vivons l’exact opposé. Nous vivons dans la peur, la défiance. Comment est-ce possible ?
(*) Dieu et César, séparés pour coopérer ? Ed. Desclée de Brouwer, 2010 (19 €).
Le débat sur la laïcité et l'Islam a eu lieu mardi à l'hôtel Pullman, près de la gare ...
1 commentaireQuand on dit que le problème n'est pas religieux mais social, il n'y rien là que de l'idéologique et rien de scientifique. Il y a des méthodes statistiques pour décomposer les influences des différents facteurs. Pourquoi ne sont-elles pas appliquées? Pourquoi, à conditions sociales égales, les asiatiques sont sous-représentées dans les prisons et les musulmans sur-représentés, et ce dans tous les pays pour lesquels nous avons des données ethniques? Il y a derrière tout cela une hypocrisie flagrante.La volonté de ne pas voir tout simplement.
Monsieur Bobineau a effectivement raison : le probleme n est pas religieux....la pratique de la religon est respectée en france tant qu'elle n est pas ostentatoire..
En plaçant la réflexion sur le plan social, culturel et ethnique, on constate que l'intégration est un échec total.....
Qu'on l'admette ou pas, par peur d'être traduit en justice par les associations antiracistes, les populations originaires d'Afrisue noire ou du maghreb ne se plient pas a nos codes sociaux et pour beaucoup, ne parlent qu'approximativement le français.
On nous a beaucoup parlé d'intégration....Les bases de celle ci sont la pratique correcte de la langue, le respect des lois et des codes sociaux.....
Force est de constater que les immigrés d'origine européenne et asiatiques ont réussi la leur, alors que les autres ne font pas cet effort....
Ce n est effectivement pas un problème religieux........mais social, culturel et ethnique.....
Le sociologue Hugues Lagrange (auteur du Déni des cultures) : "Dans les familles subsahariennes arrivées récemment en France, près de 30% des hommes mariés sont polygames. Les femmes ont chacune, en moyenne, entre 6 et 7 enfants,(..) enfants livrés à eux-mêmes avant d'avoir atteint l'âge de trois ans."
Lol allez faire nu tour à sarcelles ou des créneaux de piscine sont réservées au femmes loubavitch
il dit que 2% posent probleme ? Ca m'etonnerait ! la prevue ici tous les mois c'est pareil:
http://faitdiversfrance.wordpress.com
en effet aux USA 60% des détenus sont noirs et 20% sont latinos et tous chrétiens.
le problème n'est donc pas religieux, il est bien dû à la pauvreté et au racisme.
Le vrai souci est :
1) Quelle degré de pertinence accorder à son opinion ? Demande t-on à monsieur Maginot si sa "Ligne" est très efficace ?
Questionner monsieur Bobineau sur ces question de l'islam en France, c'est comme demander à un glaçon s'il est pour ou contre le "réchauffement de la planète" !
2) « On ne règle pas un problème avec ceux qui l'ont créé. »
c'est du grand n'importe quoi, le département le plus pauvre de France est la Creuse, pas la Seine St Denis, et pour autant qu'on sache, les Creusois ne sont pas sur-représentés dans la délinquance ou la criminalité.
"Mais qui a fait venir les musulmans dans ce pays ? Les entrepreneurs français de 1959 à 1964. Une arrivée massive, par cargaisons entières !" Si c'est ça le problème, la porte est ouverte.
Le débat sur la LAICITE, comme celui de l'IDENTITE NATIONALE : "Il faut EXTRAPOLER", ainsi je pratique >> DROITS HUMAINS-Vérité pour la Liberté-Paix = ...
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(...)
L'Insoumise
Juif avec une majuscule désigne le peuple Juif, juif avec une minuscule désigne le croyant qui pratique la judaïté, il n'y a donc pas d'amalgame. il y a bien une distinction entre le peuple Juif et la religion juive. L'on peut être issu du peuple Juif sans forcément pratiquer la religion juive. D'ailleurs, le mot juif n'est apparu qu'au 13eme siècle, l'on parlait avant du peuple d'Israël ou Israëlite , en référence à Jacob, renommé Israël, et père des douze fils qui ont donné leurs noms aux douze tribus d'Israël.
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