La consommation, la pêche et le ramassage d'huîtres ont été interdits par la préfecture de Gironde jeudi. En cause ? La présence d'un taux de toxines supérieur au seuil de sécurité sanitaire. Roger Kantin, chef de station Ifremer dans le bassin d'Arcachon, fait le point sur la situation et détaille les méthodes d'analyse.
Vous allez être nombreux, autant consommateurs que producteurs, à être déçus, voire excédés ! « Par précaution (...) la pêche, le ramassage, le transport, la purification, le stockage, l'expédition, la distribution et la commercialisation en vue de la consommation des huîtres et coquillages de l'ensemble du bassin d'Arcachon » ont été interdits par le préfet jeudi 12 avril. Roger Kantin, chef de station de l'Institut français pour la recherche de l'exploitation de la mer (Ifremer) pour le bassin d'Arcachon répond à nos questions.
France-Soir D'où provient cette interdiction décidée par le préfet et de quand date t-elle ?
Roger Kantin Cette interdiction provient du dépassement d'un seuil réglementaire défini par la DGAL (l'accréditation de la Direction Générale de l'Alimentation, NDLR.), qui est un seuil défini pour une toxine que l'on appelle une toxine diarrhéique, donc on est au dessus du seuil, donc il y a un arrêté préféctoral qui interdit la commercialisation de coquillages. Il y a eu un arrêté début avril, donc l'interdiction pour les moules à partir du 2 avril, et pour les huîtres et coquillages, à partir du 5 avril.
F. -S. Comment se déroulent les analyses effectuées sur les moules, les coquillages et les huîtres ?
R.K. Il y a des prélèvements et des analyses qui sont faits. Les prélèvements sont faits le lundi, il y a des prélèvements d'eau et de coquillages. L'eau, pour vérifier la présence d'une micro-algue qui fabrique la toxine, et les coquillages qui accumulent cette toxine. Donc, les coquillages sont prélevés le lundi, ils sont préparés en laboratoire, broyés, écoquillés, etc. Le colis est envoyé à l'Ifremer à Nantes. C'est là que sont centralisées l'ensemble des analyses chimiques obtenues par une technique appellée "chromatographie en phase liquide à haute performance" qui identifient et quantifient le niveau de toxine. Et le résultat revient le jeudi, généralement en début d'après-midi et nous le jeudi en début d'après-midi, nous envoyons un bulletin qui donne les résultats. Là, non seulement l'agglomération est concernée, mais également les professionnels, c'est-à-dire les ostréiculteurs et les pêcheurs, qui sont les destinataires de ce bulletin.
F. -S. Où sont réalisés les prélèvements ?
R.K. Nous faisons des analyses non seulement dans les huîtres, mais également dans les moules, dans les coques et dans les palourdes. L'ensemble des coquillages sont dosés sur deux points, à la fois sur le banc d'Arguin, qui est à l'extérieur du bassin d'Arcachon, et sur un point de référence qui est à l'intérieur du bassin d'Arcachon.
F. -S. Pourquoi ce phénomène se produit-il plusieurs fois par an ?
R.K. L'algue qui est en cause pousse lorsque les conditions sont favorables. Il lui faut de la chaleur et de la lumière... C'est une micro-algue, donc forcément comme du gazon, ça se met à pousser. Il faut aussi qu'il y ait des conditions de non compétition avec d'autres algues que l'on appelle diatomées. Généralement ces floraissances passent au sud du Golfe de Gascogne, c'est-à-dire au large du pays Basque et remontent le long de la côte Aquitaine et c'est la raison pour laquelle le banc d'Arguin, qui est à l'extérieur, est touché avant l'intérieur du bassin. Mais ce qui nous a surpris cette année, c'est que cette floraissance est plus importante que les années précédentes.
F. -S. Quand sera levée l'interdiction cette année ?
R.K. Lorsqu'il y a un mauvais résultat il faut deux résultats bons positifs consécutifs. Dès la connaissance du second bon résultat, il y a une fermeture minimale pendant au moins quinze jours. C'était ce qui c'était passé pour les huîtres l'an dernier. Là, vu les niveaux que l'on a, on s'attend à une fermeture de trois semaines à un mois.
F. -S. Certains remettent en cause les résultats des analyes...
R.K. Je n'ai pas connaissance de polémique, et de toute façon, toutes les analyses sont faites avec l'assurance qualité et avec la supervision d'un organisme neutre. Dès lors, on peut considérer que nous sommes irréprochables.
F. -S. Pourquoi le bassin d'Arcachon est-il autant touché selon vous ?
R.K. Je pense que cela vient de sa proximité avec la côte Basque, c'est là où a lieu la formation des floraissances toxiques qui remontent progressivement le long de la Côte et qui commencent à toucher le banc d'Arguin. Et une fois que le banc d'Arguin est touché, l'ensemble du bassin est contaminé.
A savoir Les prochains prélèvements auront donc lieu lundi, avec un résultat d'analyses jeudi.
La préfecture de Gironde a indiqué ce jeudi que la consommation des huîtres et coquillages ...
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