Avec émotion, PPDA dresse un portrait intime et captivant de l’idole des jeunes. Une véritable déclaration d’amitié à celui qui vient de subir quelques soucis de santé. Heureusement, il nous revient en forme. DIAPORAMA
Il les aura encore bien nargués, le vieux lion blessé. Ils étaient là, prêts à enterrer l’animal, à l’étouffer d’affection sous les fleurs et les apitoiements. Mais il a une nouvelle fois rugi et ils ont commencé à se taire.
Il y a à peu près vingt-cinq ans, je lui avais raconté une histoire qui lui avait bien plu. C’était au retour d’un reportage au long cours que j’avais effectué sur les derniers trains de rêve. L’une de mes escales m’avait conduit au Kenya, dans le train de nuit Nairobi-Mombasa. C’est là que j’avais découvert la légende du « Tueur de Kima », du nom de ce lion mangeur d’hommes qui avait défrayé la chronique au tout début du XXe siècle. Le 6 juin 1900, alors qu’on était en train de construire la voie de chemin de fer et que le convoi attendait la pose de rails supplémentaires, les passagers du dernier wagon entrouvrent la porte arrière pour profiter de la fraîcheur de la nuit afin de dormir. Il y a là un Anglais, le surintendant Ryall, 25 ans, un Allemand, Huebner et un Italien, Parenti.
Le policier est venu pour traquer un fauve qui sème la terreur dans la région. Il a déjà dévoré vingt-cinq coolies et cheminots, parfois sous les yeux de leurs camarades, tétanisés par la peur. Justement, c’est Ryall que le lion se choisit cette nuit-là. Il lui saute dessus. Sous le choc, Huebner dégringole de la couchette supérieure et roule sur le lion qui vient de planter ses crocs dans la nuque de Ryall.
Simultanément, la porte coulissante du compartiment se referme, déséquilibrée par le poids du lion. Issue condamnée pour la brute qui, à peine embarrassée par le corps du policier, se rue vers la fenêtre, saute à terre et se relève pour récupérer le surintendant encore accroché aux barreaux. On retrouvera ses restes cinq heures plus tard, sous un buisson. On ne retrouvera en revanche jamais la trace du lion mangeur d’hommes… « Géniale ton histoire », me dit alors Johnny. « Il faut en faire un film. Et je jouerai le rôle du Tueur de Kina ! » Johnny est là, tout entier résumé. C’est un lion, couvert de cicatrices comme le fauve du Kenya dont quelqu’un a bien fini par avoir la peau, mais c’est un lion qui n’a désormais plus qu’une seule envie : rugir à nouveau sur scène pour faire fuir tous ces oiseaux de mauvais augure qui se sont précipités à son chevet en croyant lui faire plaisir – tout en n’omettant pas de le faire savoir au monde entier. Désolé, mes amis, leur dit-il, le lion n’est pas mort ce soir.
J’ai retrouvé dans ses albums la première photo publique – c’était pour une promotion – de Johnny Hallyday. Elle date de 1953. Johnny a alors 10 ans. Il est déjà habillé en costume de cow-boy avec un foulard autour du cou. Et il a déjà une guitare au bras ! Sur ce cliché de Daniel Frasnay, il a l’art d’un enfant sage. Ses cheveux blonds sont rejetés en arrière. Plus tard, il les fera tenir avec de la brillantine, comme tous les rockers qui se respectaient à l’époque. Mais ce qui me frappe dans cette photo, c’est le regard qui s’échappe vers un ailleurs alors improbable…
Dix ans plus tôt, voici la toute première photo privée. Jean-Philippe Smet est sur les genoux de sa maman, enveloppé dans un étrange burnous de pilou. Sa chevelure se dresse déjà en houppette et il a l’air de sourire. La maman, elle, sourit, c’est une certitude. Elle le regarde, il ne la regarde pas. Entre ces deux photos, dix ans de prise de distance entre les deux êtres et dix ans de tristesse pour l’enfant. On verra qu’il y avait des raisons…
Sur le même album de Patrice Gaulupeau j’ai retrouvé la première carte postale publicitaire éditée il y a tout juste un demi-siècle pour lancer le jeune homme aux Etats-Unis. Il allait alors faire la tournée des bases américaines en Europe. Pour la commenter ironiquement, cette phrase de l’écrivain Georges Perec dans le cultissime Je me souviens : « Je me souviens que Johnny Hallyday est passé en vedette américaine à Bobino avant Raymond Devos, je crois même avoir dit quelque chose du genre de : « Si ce type fait carrière, je veux bien être pendu »… »
Il a donc fait carrière, cher Georges, mais j’espère bien qu’on ne vous retrouvera pas pendu par votre barbichette au paradis des grands auteurs. Vous avez des excuses : tout le monde n’a pas cru spontanément à la longévité de ce jeune chien fou qui déboulait dans les bacs et dans les médias à l’âge de 16 ans. J’ai retrouvé sa première interview à France-Soir, qui s’obstinait dans le titre comme dans tout l’article à l’orthographier Johny Halliday. Avec lui les n et les y n’ont pas toujours fait bon ménage. Pas davantage que la vérité avec la légende. Ça se confirme dans cette interview réalisée chez Charles Aznavour, à Montfort-l’Amaury : « J’en ai assez des mensonges, des histoires avec les journalistes, de la publicité mal faite. J’ai l’impression de trahir mes copains. »
Jusque-là en effet, Johnny se faisait passer pour le frère de Lee Hallyday et donc pour un Américain, ce qui dans le contexte de l’époque musicale, fortement influencée par Elvis Presley, était pain bénit. « Je ne suis pas américain, avoue ce jour-là le chanteur. C’était pour la publicité. Je suis français. Mon père est français. Je suis né le 15 juin 1943 à Paris. Mon nom véritable est Jean-Philippe Smet. Mon père a abandonné ma mère tout de suite après ma naissance. Un an plus tard, c’est elle qui me laissait seul. Alors j’ai été recueilli par la sœur de mon père, qui m’a élevé avec sa fille Desta. Cette dernière s’était mariée avec un Américain : Lee Hallyday. Ils m’ont pris avec eux et j’ai ainsi parcouru le monde entier. Ils m’ont appris à jouer de la guitare, à chanter. Et moi, j’ai naturellement choisi le pseudonyme de Johnny Hallyday quand j’ai commencé à faire mes premières armes dans la chanson. »
Voilà donc la première confession de Johnny dans un journal à grand tirage. Il y en aura beaucoup d’autres…
Toutes ses ambiguïtés sont déjà là, son goût de la vie rêvée, réinventée, mais aussi, presque dans le même temps, son besoin de tout dire et de ne rien cacher. Quand il est en confiance, Johnny s’épanche beaucoup car il en a tant et tant sur le cœur, et notamment à propos de cette enfance qui le lui a fait beaucoup saigner. Il y a six mois, il avait décidé de m’emmener pour son concert à Bordeaux, au stade Chaban-Delmas, avec Laeticia et mon fils François. Dans son avion, évoquant ses 14 ans, il nous sortit tout à trac dans un grand éclat de rire et n’omettant aucun détail : « C’est à cet âge-là que je me suis fait dépuceler. »
Le concert avait été éblouissant. Plus à l’aise dans sa coquille qu’en public, il s’épanouissait en discutant avec les musiciens de sa tournée au catering, la cantine de luxe qui le suit partout, puis avec son masseur pendant une bonne heure avant le show, enfin avec nous en regardant la télévision pour se détendre entre la première partie assurée par Christophe Maé et sa propre apparition sur scène programmée à 21 h 30. Petit passage d’Alain Juppé dans la loge, court instant de concentration puis l’escargot sort de sa coquille. Face aux 60.000 personnes qui l’ont attendu patiemment, il tonne, il détonne toujours et il étonne encore. Les spectateurs sont aux anges, lui aussi, il ne souffre alors de rien si ce n’est de ce manque d’amour qui le tenaille dès que les lumières s’éteignent. Amour partagé avec ce public de tous les âges qui l’a suivi depuis maintenant cinquante ans. Il en a 66, comme la route du même nom qui sert de titre à sa tournée. Route qu’il rêve de reprendre au plus vite et qu’il reprendra à n’en pas douter, tant la bête est solide. Dans l’intimité de sa loge, le corps paraît chétif mais les muscles sont là, et la volonté aussi.
Dans l’avion du retour, tard dans la nuit, loin des clameurs dissipées des fans, Johnny se livre encore un peu, puis beaucoup, et revient sur cette enfance amputée. Nous reparlons de ces abandons successifs qui l’ont marqué à vie et nous évoquons même la possibilité d’une chanson pour ne jamais oublier. L’idée le séduit, nous nous reverrons pour en parler.
Une naissance en pleine guerre, en plein Paris, à Pigalle, dans la clinique Marie-Louise. Pigalle déjà, l’appel de la scène et de la nuit. Il se trouve justement que le père, si peu père mais géniteur, aime les planches. Il s’appelle Léon, sa mère est morte un mois après sa naissance. Il va se faire par lui-même en créant un cabaret à Bruxelles : Le Trou Vert. De l’avis général, c’était un bon acteur, très cultivé et doué pour tous les genres, du spectacle aux films d’art et d’essai. Mais très vite, il va boire et se laisser aller à tous les penchants. Léon est très volage, il a épousé une danseuse, pris une seconde femme, avant de s’enticher d’Huguette Clerc, elle-même née d’un père qu’elle n’a pas connu et d’une mère qui, très vite, va la confier à une nourrice. C’est de cette union que naitra le petit Jean-Philippe. Les mêmes causes répétant souvent les mêmes effets, le futur Johnny va très vite se retrouver sans papa. Huit mois après la naissance, Léon Smet disparaîtra au bras d’une journaliste qui va elle-même quitter mari et enfants pour s’enfuir avec l’indélicat personnage qui entre-temps aura vendu meubles et layette de son fils !
C’est chez lui une spécialité puisque Johnny me confiera dans ce même avion Bordeaux-Paris une anecdote qui serre le cœur. Après avoir superbement ignoré l’enfant – qu’il a fini par reconnaître, transformant le nom de naissance de Jean-Philippe Léo Clerc en celui de Jean-Philippe Smet – voilà que, la gloire venue, il décide de se rapprocher de ce prodige qui marche sur ses traces. Une première fois, après un concert de son rejeton, il tente de le voir à l’issue de la représentation. Refus de Johnny qui n’a rien oublié. Quelques années plus tard, le père prodigue souhaite à nouveau renouer avec son fils et profite de son passage en Allemagne, lors de son service militaire. Il est forcément plus disponible et moins influencé par son entourage. Léon se présente à la caserne. Touché, Johnny le reçoit et, magnanime, va serrer dans ses bras cet étranger qui se fait précéder d’un nounours.
Mais ce qui le suit est beaucoup moins romantique : une nuée de photographes convoqués là pour immortaliser les retrouvailles du père et du fils ! Ecœuré, le chanteur tourne les talons et mettra des années à pardonner au père sans foi ni loi. Pourtant, quand au soir de sa vie, l’homme n’est plus qu’une épave, Johnny lui achètera un petit studio que Léon Smet ne tardera pas à piller, emportant avec lui jusqu’à la moquette. Aujourd’hui, le père n’est plus là, mort il y a vingt ans en quasi-vagabond.
Tout comme la mère qui, elle aussi, n’a pas tardé à abandonner Johnny, reproduisant ainsi les mêmes schémas d’enfance meurtrie ; elle confie son enfant à Hélène, la sœur de Léon, toujours dans le IXe arrondissement, du côté de la Trinité, et à son mari Jacob Mar, un aventurier qui surnommait Pipo le jeune Jean-Philippe. Tous deux emmèneront le garçonnet à Londres où, pour la première fois de sa vie, il va se retrouver sur scène pour jouer dans la pièce d’Albert Camus le rôle d’un petit Noir qui vient offrir des bijoux à Caligula. Il a 3 ans à peine… Et lorsque, quelques mois plus tard, sa mère, devenue mannequin chez Lanvin, cherche à revoir son fils, Jean-Philippe ne la reconnaît pas et n’arrive pas à l’appeler maman.
Ainsi va la vie de l’enfant qui, brinquebalé de domicile en domicile, va croiser la route d’un certain Lee, dont va tomber amoureuse sa cousine Desta. En réalité, il ne s’appelle pas Hallyday. Décidément ! C’est le nom du médecin de l’Oklahoma qui l’a mis au monde… Il est bien américain mais se nomme Lee Lemoine Ketcham. Peu importe, c’est lui qui pousse le futur Johnny à monter sur scène et à chanter, avec un premier tour de chant qui se limite à deux titres : La Ballade de Davy Crockett et Les Cavaliers du ciel. Le voilà déjà, à moins de 10 ans, habillé en pantalon de cuir et en veste de daim avec franges. Desta et Lee vont tout lui faire faire et lui apprendre la dure réalité du monde du spectacle. Ils ne deviendront pas pour autant le couple de substitution dont le jeune Jean-Philippe avait tant besoin après la désertion de son père et de celle, plus épisodique, de sa mère. Il aura quand même appris grâce à eux la danse – il est devenu un court instant petit rat de l’Opéra ! – et le chant – pendant six mois il se prépare avec les Petits Chanteurs à la croix de bois à interpréter l’Ave Maria de Schubert…
Toute l’histoire de Johnny Hallyday est inscrite dans cette matrice-là : goût prononcé pour l’effort et l’apprentissage, un don pour toutes les formes de spectacle mais, surtout, un inguérissable besoin d’amour. C’est ce cocktail-là qui va lui permettre de prendre son envol et de devenir la plus grande rock star d’Europe. Pendant cinquante ans ! A vrai dire tout commence le jour de ses 13 ans, à Copenhague, à l’Atlantic Palace, quand il chante enfin face à un vrai public en lui interprétant Le Petit Cheval, de Brassens. Mais c’est le 20 septembre 1960, qu’il se produit pour la première fois à Paris, à l’Alhambra, en première partie d’un de ses compatriotes belges, Raymond Devos, et tout de noir vêtu. Noir, c’est noir, cela restera sa couleur pour la vie. Tous ses copains du square de la Trinité sont là, tous ceux du Golf-Drouot aussi. Ils feront beaucoup de bruit dès qu’ils l’entendent jouer Tutti Frutti. Heureusement, parce que l’autre moitié de la salle le siffle et le hue. Tout comme les critiques qui, dès le lendemain, vont se déchaîner.
Ce n’est pas grave, il est déjà parti pour la gloire. Il grimpe quelques semaines plus tard sur la scène de l’Alcazar à Marseille, devant un public conquis, puis le 28 février 1961 au Palais des Sports de Paris face à cinq mille spectateurs déchaînés. Et là, les fauteuils se mettent à voler dès la troisième chanson ! Le public voulait simplement danser et se dégager l’espace nécessaire… Mais les policiers interviennent. Cinq d’entre deux sont blessés. Il y aura 85 arrestations. Le scandale est lancé. Le « phénomène Hallyday » aussi. C’est le très respectable Figaro qui le dit.
Dès lors, rien ne pourra jamais plus entraver la marche du jeune homme vers la gloire. Il revoit sa mère un soir à Valence dans une salle surchauffée. Il n’a pas eu de nouvelles d’elle depuis quatre ans… Quelques jours plus tard il fête ses 18 ans et son producteur, un autre Johnny, celui de Mireille Mathieu, Johnny Stark, lui offre sa première voiture, une Triumph TR3 blanche décapotable. Il n’a pas encore son permis… Le voilà également à l’affiche d’un film, un des sketches des Parisiennes, de Marc Allégret. Il y croise sur le plateau une jeune débutante fort charmante : Catherine Deneuve, qui est alors l’égérie de Roger Vadim. Il y chante son fameux Retiens la nuit. Ce n’est pourtant pas son premier long-métrage. Quand il n’avait que 11 ans, il avait tourné comme figurant dans un film culte, Les Diaboliques, d’Henri-Georges Clouzot. Une scène de classe, hélas coupée au montage, mais la photo existe, pour témoigner…
Il est sans doute alors à mille lieux d’imaginer qu’il allait ensuite enchaîner des dizaines d’autres tournages, à commencer par un film de référence pour ses fans parce qu’il y partage l’affiche avec Sylvie Vartan. D’où viens-tu Johnny ? date de 1963, l’année de ses 20 ans. « Un film culte ?, s’amusera-t-il plus tard. Un film cucul oui. D’ailleurs je ne suis pas très fier des films que j’ai tournés avant Godard. Sauf un, Point de chute. Mais il n’a pas marché. » Point de chute (1970) est signé Robert Hossein. Quant au Godard, il s’agit de Détective, avec Nathalie Baye, projeté le 10 mai 1985 au Festival de Cannes. Juste après vînt un malentendu, Conseil de famille, de Costa-Gavras, avec Fanny Ardant et Guy Marchand, dans une fausse veine comique qui ne lui allait pas du tout, puis trois cinéastes qui surent vraiment exploiter son jeu, à l’économie : Lætitia Masson, mais surtout Patrice Leconte avec L’Homme du Train et John Woo, avec son dernier film tourné en Chine et projeté en sélection officielle lors du dernier Festival de Cannes.
Mais en cette année 1961, au côté de Catherine Deneuve, il était bien loin de ne penser qu’au cinéma. Il se préparait à son premier Olympia, qui allait devenir sa consécration, le 22 septembre. Charles Aznavour lui a écrit pour la circonstance de jolies chansons qui détonnent quelque peu dans un répertoire encore yé-yé. Quarante-huit ans plus tard, le petit Charles sera encore à ses côtés, à l’hôpital Cedars-Sinai de Los Angeles… Aux premiers rangs de la salle mythique de Bruno Coquatrix, on se bouscule : Line Renaud, « sa petite marraine », qui elle aussi était là ces dernières semaines à son chevet, mais aussi Charles Trenet, « le Fou chantant », Maurice Chevalier, le Français qui a le mieux percé outre-Atlantique, Sacha Distel, Roger Vadim, Dalida et… le maréchal Juin ! Dès la fin de la deuxième chanson, le héros de la guerre se lève et lui lance : « Bravo, jeune homme ! vous êtes formidable » C’est ce qui s’appelle recevoir un bâton de maréchal… Johnny est définitivement lancé.
Quatre semaines plus tard, l’Olympia va encore lui porter chance. Au tout début de l’année 1962, il est là pour assister à la première de son concurrent de l’époque : Vince Taylor. Il y découvre alors en première partie une jeune blonde fort à son goût. Elle n’a que 17 ans. C’est la sœur d’un ami de Johnny, Eddie Vartan. Elle s’appelle Sylvie… Ils ne sortiront ensemble que quelques mois plus tard. Le 15 octobre 1963, il annonce leurs fiançailles. Le mariage devra attendre car il est convoqué pour faire son service militaire en Allemagne au 43e régiment blindé d’infanterie de marine à Offenburg.
Entre-temps, il y aura eu le concert historique de Saluts les copains, place de la Nation, devant 150.000 fans déchaînés venus aussi pour écouter tous les autres grands de l’époque yé-yé : Eddy Mitchell et les Chaussettes noires, Richard Anthony, Frank Alamo, Danyel Gérard…
Le 12 avril 1965, Johnny pourra enfin profiter d’une permission exceptionnelle pour se marier avec Sylvie Vartan, qui lui manque tant de l’autre côté du Rhin. La cérémonie se déroule à Loconville dans l’Oise, dans une pagaille indescriptible alors que les deux tourtereaux avaient souhaité une noce intime. Bientôt, ils auront un enfant, David, mais il ne contribuera pas à l’assagir. Bagarres en boîte de nuit, tumulte dans les salles de concert, virées sans fin la nuit avec ses copains, Johnny est un noctambule, difficile d’apprivoiser un tel oiseau de nuit. La belle histoire avec Sylvie finira par s’échouer sur ces rivages-là. Deux jeunes gens ballottés par la gloire et ses flots incertains. En 1969, au Palais des Sports de Paris, il lui dédie le splendide Que je t’aime. L’année suivante, ils ont un accident de voiture sur le verglas près de Besançon et, peu après, c’est leur couple qui dérape. Le 5 novembre 1980, ils divorcent.
Je suis seul chante alors le chanteur. Il ne va pas le rester bien longtemps. Un an plus tard, il épouse Babeth Etienne à Beverly Hills, sur ces collines qui dominent l’hôpital Cedars-Sinai… Le mariage ne durera pas : deux mois tout juste. Puis c’est la rencontre avec Nathalie Baye. Une belle histoire d’où naît Détective, le film de Jean-Luc Godard, mais surtout Laura, en 1983, quarante ans après la naissance de son père. Immensément reconnaissant, il lui offrira une chanson qui quitte rarement son tour de chant.
Johnny a beau déclarer qu’il ne croit plus au mariage, il se fiance avec notre consœur Gisèle Galante, la fille de la grande actrice Olivia de Havilland mais ils rompent avant le jour fatal. Pourtant, en 1990, il craque à nouveau pour la fille de son ami Long Chris, Adeline Blondeau. Là, encore mariage express – deux ans – mais surprise, les voilà qui se réépousent en 1994. Pas pour longtemps. Le cinquième mariage – le bon, disent tous leurs amis – aura lieu le 25 mars 1996 à la mairie de Neuilly et c’est Nicolas Sarkozy qui officie. L’heureuse élue s’appelle Laeticia Boudou.
Elle est toujours là, dans l’ombre et dans la lumière, à ses côtés, dans les instants douloureux, comme cette cascade d’opérations qu’il vient de subir, comme dans les moments heureux, à commencer bien sûr par l’adoption de Jade, en 2004, puis de sa petite sœur, Joy. Deux fillettes qui rendent leur père fou de bonheur. Ce bonheur après lequel il n’a cessé de courir.
Ces bonheurs tardifs sont un cadeau du ciel. Avec David, Laura et ses deux offrandes venues d’Asie, il a désormais un héritage à transmettre. Mais pour l’heure, celui qui nous concerne le plus, nous ses amis proches ou lointains, illustres ou méconnus, simples fans de toujours comme Muriel, ce sont ses centaines de titres qu’il a semés derrière lui, souvent inoubliables et transgénérationnels, et ses millions de disques et CD dans tous les foyers de France et d’ailleurs. Pour ces cinquante ans d’échanges, merci Johnny. Et pour toutes les années qu’il nous reste à partager ensemble.
PPDA la lumière , fait briller Johnny la pierre précieuse avec cet excellent article A + les artites et encore merci....;;
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