Un village sinistré, 29 morts, des centaines d'expropriations, un quartier entier sous les mâchoires des bulldozers... Les victimes cherchent les responsables.
Comment en est-on arrivé à construire des lotissements dans une zone inondable ? Quelle part a pris la mairie dans le désastre ? Négligence, conflit d'intérêt ? Autant de questions auxquelles l'enquête apportera des réponses.
Dès 2003, tirant les leçons de la tempête de 1999, l'Etat publie un rapport sur les risques majeurs : neuf communes du littoral sont identifiées comme soumises « à un risque avéré d'inondation maritime avec enjeu humain ». Le rapport ajoute qu'à des degrés divers, tout le littoral vendéen est menacé. En 2008, c'est la DDE qui, plus précise, alerte sur les risques de crue du Lay pour les villages de La Faute-sur-Mer et L'Aiguillon-sur-Mer. Il prophétise « des dégâts majeurs aux biens et aux personnes ».
Depuis 2007, la préfecture de Vendée a tenté à plusieurs reprises d'imposer aux communes de La Faute et de L'Aiguillon un PPRI (plan de prévention des risques d'inondation) incluant des zones rouges non constructibles, mais sur fond de développement touristique effréné, les élus sont restés focalisés sur l'urbanisation de la région. Le maire René Marratier ne cesse de rappeler par ailleurs que tous les permis ont été validés légalement par la DDE (direction départementale de l'équipement).
Comment résister à l'appel d'une résidence secondaire idéalement située entre mer et rivière, environnée par les bateaux et les mouettes, à une enjambée de la sublime pointe du Lay ? Certains habitants le reconnaissent : ils ne voulaient pas savoir. La dernière inondation majeure date de 1941. C'est si loin... Le 17 septembre 2008, jour de grande marée d'équinoxe, une association de propriétaires privés avait même invité les élus à venir constater de visu le rôle protecteur de la digue du Lay.
Rencontré en février dernier, René Marratier reconnaissait qu'il voyait « surtout les avantages économiques et le développement touristique de ma commune ».
Au cœur de l'enquête, les soupçons de conflit d'intérêts. Françoise Babin, première adjointe au maire, est la mère de Philippe Babin, lui-même directeur d'une SARL immobilière propriétaire de parts dans les lotissements de la zone aujourd'hui surnommée « la Cuvette mortifère ». Elle s'en défend mais, selon des documents révélés par Libération, Françoise Babin aurait signé certains permis de construire de son fils. Permis qui stipulent que le terrain est « situé dans une zone d'aléa moyen à fort de submersion marine ». Elle-même possède des parts de l'Association foncière urbaine (AFU) qui réalisera des lotissements. De là à penser que les intérêts personnels sont passés avant la sécurité collective, il n'y a qu'un pas qu'ont rapidement franchi les opposants au maire. Mais ce dernier réfute les accusations : « Dans toutes les petites communes, les conseillers municipaux sont placés dans les secteurs ou ils seront performants : le pêcheur dans la commission portuaire, l'agriculteur dans la commission agricole, et l'agent immobilier s'occupe naturellement d'urbanisme. Il ne s'agit pas de conflit d'intérêts mais d'efficacité ». A sa décharge, lors de la première réunion sur l'aménagement urbain de la zone en 1997, Françoise Babin avait quitté la salle en raison de son implication trop personnelle.
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