Une série de suicides à l’Office national des forêts met en lumière les difficultés d’un secteur en crise.
Le soleil filtre entre les feuilles des arbres. Le sol sent la terre humide et les fougères bruissent. Qui n’aime pas la forêt ? Pourtant, ceux qui s’en occupent poussent un cri d’alarme. « Malaise à l’ONF (Office national des forêts) » lisait-on la semaine dernière sur les pancartes, dans les manifestations des gardes forestiers. C’est le suicide de l’un d’entre eux, le 16 juilllet à Echassière (Allier), qui a mis le feu aux poudres. Le quatrième en un mois et le vingt-quatrième depuis 2005. Un taux quatre fois plus élevé que les statistiques nationales (16,2 pour 100.000 en 2008). De quoi alerter sur un véritable « malaise social », comme le reconnaît sans résister le directeur de l’ONF, Pascal Viné.
Il faut dire que l’organisme prend de plein fouet les effets de la crise économique. Entre l’effondrement des cours du bois, le ralentissement du marché de la construction aux Etats-Unis et l’absence de politique forestière commune européenne, « on a perdu un tiers de nos recettes, de 220 millions à 150 millions d’euros », déplore Pascal Viné. Or si l’ONF est un service public dont la mission première est de gérer, entretenir et assurer le renouvellement à long terme des forêts domaniales et communales, il est aussi une entreprise à laquelle l’Etat impose depuis quelque temps des contrats d’objectifs. Un virage qui désespère Gérard (*), 58 ans, garde forestier dans la Marne, « agent patrimonial, comme on dit aujourd’hui ». Cette activité, il l’a choisie à 21 ans, par passion. « Le métier n’est plus ce qu’il était, se plaint-il. Quand j’ai commencé, notre unique but était de préserver la forêt, renouveler les arbres, équilibrer la diversité des essences. C’était un boulot pour les amoureux de la nature. C’est devenu un job de commerçant ! Les quotas de production de bois pour la vente ne tiennent plus aucun compte des besoins de régénération des arbres. »
Depuis 2002, l’ONF a opéré une véritable révolution. D’abord, le non-remplacement de ceux qui partent a fait chuter les effectifs de 15.000 employés à 9.500, et 600 postes devraient encore être supprimés au terme du contrat d’objectifs 2012-2016. « On sera alors proche du déséquilibre », s’inquiète Pascal Viné. D’autant plus que si les effectifs diminuent, la charge de travail, elle, s’alourdit : la surface de territoire d’un agent patrimonial est passée de 800 hectares à… 1.500 ! Mais surtout, c’est la nature même du métier qui a changé. Fini la polyvalence des agents et techniciens forestiers qui, tour à tour, entretenaient les cours d’eau, coupaient les vieux arbres pour permettre aux jeunes d’aspirer la lumière, veillaient sur les parcelles de régénération naturelle, géraient les chantiers d’aménagement touristiques ou couraient après les braconniers. « Nous avons professionnalisé les métiers et sectorisé par thèmes, explique le directeur. En étant plus spécialisés, les agents deviennent plus performants. » Une meilleure organisation, donc, bien perçue par certains, douloureuse pour beaucoup. « De toute façon, c’était le seul moyen d’absorber la baisse de personnel, concède Gilles Boncori, chef de projet dans la forêt de Meudon. La direction a toujours pris en compte le facteur humain, mais c’est vrai que le responsable territorial, par exemple, s’est changé en manager. Au lieu de trois unités qui lui permettaient d’être proche de ses équipes et de faire du terrain, il en gère aujourd’hui sept ou huit depuis un bureau. » De son côté, le directeur de l’ONF reconnaît que ces restructurations ont suscité « des pertes de repères » chez certains agents, quant aux syndicats, ils soulignent que certains ne comprennent pas l’intervention de tiers, parfois sans prévenir, sur des tâches qui, autrefois, leur incombaient totalement. Sans compter que, sur le terrain, les agents travaillent de plus en plus isolés, répartis sur 4,8 millions d’hectares. Une solitude qu’a pointée la ministre de l’Environnement, Nathalie Kosciusko- Morizet, confirmée par Pascal Viné : « C’est une population plus fragile que la moyenne. Il faut prendre cela en compte. » Depuis son arrivée il y a six mois, le directeur sillonne la France pour expliquer, donner du sens aux réformes et aux nouveaux objectifs. Il a décidé de renforcer l’accompagnement des risques psychosociaux en créant 8 postes supplémentaires d’assistantes sociales (elles n’étaient que 10) et en mettant en place un numéro vert d’écoute anonyme et confidentiel à destination des salariés. Les signes d’une bonne volonté évidente. A condition qu’elle ne se transforme pas en arbre qui cacherait la forêt.
(*) Le prénom et l’âge ont été modifiés
On demande aux agents de l'ONF de faire du Fric au détriment de leur mission de service public. Ils ne sont pas rentrés à l'ONF pour cela. Ils sont issus de plusieurs générations de gardes forestiers qu'on détruit en même pas 15 ans.
De plus, l'ONF subit une RGPP un peu spéciale, puisque pendant que les effectifs baisse, celui des cadres augmente. Cherchez l'erreur !!!!
C'est la destruction de la profession de centaines de personnes. Pire, l'anéantissement des convictions d'hommes et de femmes amoureux de leur métier.
Les personnels de l'office n'ont plus confiance en leur hiérarchie.
Ce qui ce passe est vraiment à vomir.
La verité est que ceux qui payent le plus lourd tribut à l'ONF sont les ouvriers forestiers.
Pour ceux-ci pas d'offensive médiatique, pas de reportage bucolique mariant pathos et photos de nature. Certes ils ne se suicident pas (je le dis sans cynisme ,mais avec colère) mais meurent parfois écrasés par des sapins , ou finissent largement usés physiquement ou psychiquement . L'ironie du sort est que ceux qui (..certains gardes forestiers ) leur demandaient de la rentabilité et de la productivité , sont ceux à qui on en demande maintenant.mais meme si les gardes forestiers se font prendre en photo devant des tas de bois qu'ils n'ont pas coupé et par delà les drames qui méritent le respect , rétablissons la vérité..quand les journalistes iront-ils un peu plus loin que la facilité.Les ouvriers forestiers resteront-ils les oubliés de la fôret ?
A tous les amoureux de la forêt…et aux décideurs publics !
Ancien forestier, je ne peux passer sous silence les atteintes possibles à la forêt baujue. Des risques de surexploitation existent, ils sont le résultat de directives nationales qui demandent à la forêt française de « produire plus ». Et cette demande n’est pas acceptable sur le principe, surtout en ce qui concerne la forêt publique déjà largement exploitée, parfois au-delà de ses possibilités réelles. Je vous livre à la lecture ce long commentaire qui est fait uniquement pour poser les questions et aussi pour permettre à la forêt de mieux se porter à l’avenir. Merci.
_______________
Quelques remarques…pour mieux comprendre les dérives d’un système qui risque de malmener durablement les milieux forestiers
_________________
A propos du Grenelle de l’Environnement et des directives nationales concernant la forêt française, il a été dit : « En 25 ans, la production biologique de la forêt française a progressé de 30%, la récolte est restée stable ! »
Dans son rapport sur la forêt, Hervé Gaymard, président de l’ONF dit : « De 1966 à 2010, la récolte en forêts publiques a progressé de 64 % » ( voir le graphique sur les prélèvements forestiers et les ressources financières)
Alors, que faut-il croire ?
___________________
« Gérer, c’est prévoir pour demain, après-demain…pour les générations futures. Le court terme n’existe pas en matière forestière. L’unité de mesure est le siècle ! »
Sur le fond, Natura 2000 est une bonne chose car ses objectifs sur le papier, impliquent un respect de la nature avec un développement raisonné de l’activité humaine. C’est donc un objectif défendable.
Sur la forme, on est hélas bien loin de la réalité et en ce qui concerne la forêt publique : on peut même être inquiet !
Si l’ONF « joue le jeu Natura 2000 en réunion » pour les forêts qu’il gère… sur le terrain il en est tout autrement.
Lors de débats, après des discours optimistes sur ce dossier, il semblerait que la forêt baujue n’ait pas de problèmes…on ne parle que de croissance, d’expansion et de sous exploitation…que les rendements nationaux indiquent un accroissement de la forêt en surface (ce qui est vrai depuis 100 ans ! ce n’est pas nouveau…) et donc qu’il faudra exploiter d’ici à 2020, 21 millions de M3 supplémentaires soit 50% de plus qu’actuellement (lettre Sarkozy à Gaymard, président de l’ONF) dont 5 millions pour les seules forêts publiques ( + 25%). Les gros efforts de reboisements en France remontent à l’après guerre, ils ont déjà 60 ans d’existence pour la plupart et l’IFN les a déjà pris en compte et inventoriés plusieurs fois ! La montée en puissance de la forêt est progressive et les différentes structures de gestion et d’exploitation ont déjà pris en compte cette problématique…ce n’est pas quelque chose de nouveau. Sur les trente dernières années, la progression des volumes mobilisés a été de + 43% en forêt domaniale et + 40% en forêt des collectivités (source : rapport de la « Cour des Comptes » et de + 64,28% entre 1966 et 2010 ! (rapport GAYMARD) où est donc la sous-exploitation ?
La problématique du réchauffement climatique et l’accroissement forestier supposé ne se sont pas non plus fait du jour au lendemain…Le fonctionnement de la nature n’est pas aussi rapide et réactif que les décisions ministérielles !Du jour au lendemain, son rendement en volume ne peux pas passer à + 40% !
Out ! La tempête de 1999 et ses 45 millions de m3 par terre, 1,5 million d’hectares détruits pour une longue période de 50 ans à 150 ans, le 1/10 ème de la forêt française ! Et pourtant, tout va bien puisqu’il est prévu d’augmenter la production nationale de 40% en quelques années, d’ici à 2020 ! et pour toujours …
A une réunion à la Maison du PNR des Bauges au Châtelard, la « sous-exploitation de la forêt » a été relevée à de multiple reprises par les intervenants et chaque participant a pu entendre cette messe que l’on nous rabâche un peu trop.
L’ONF et ses responsables départementaux confirment une forêt publique en bonne santé, sous-exploitée et qui peut encore supporter des prélèvements plus forts ! ! C’est un discours politique, conforme aux directives nationales… Quel irréalisme inquiétant ! On a parlé que de son rôle de production de bois, de volumes à récolter tout cela avec un discours rassurant sur l’écologie de la forêt ( écologie-spectacle avec ses deux arbres creux à l’hectare pour rassurer le public) !…impasse totale sur ses fonctions écologiques, environnementales, sociales et culturelles et son rôle de protection en montagne qui devrait être une préoccupation majeure pour des gestionnaires de milieux naturels : les avalanches, l’érosion des sols, les chutes de pierres et la préservation des habitats faunistiques et floristiques…sans oublier l’aspect visuel du couvert forestier. Pour répondre à des besoins accrus de bois, doit-on déstabiliser des forêts de montagne, sur forte pente, en faisant l’impasse sur les plans de gestion de l’ONF ? Qu’en pensent les Co-gestionnaires de la Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage des Bauges ? Et le PNR ? Quelle position ? Je suivrai de près l’installation programmée de lignes de câbles pour exploiter en forêt domaniale de Bellevaux, au cœur de la Réserve Nationale de Chasse des Bauges, des forêts sur forte pente, autrefois préservées de toute exploitation, déjà traversées par plusieurs couloirs d’avalanches où les enjeux de protection et d’impact visuel seront très importants, sans oublier les risques humains de chutes de pierres lors de l’exploitation, dans un secteur très fréquenté par les randonneurs…tout cela pour un revenu financier négatif !( Forêt domaniale).
La réalité écrite et chiffrée de la forêt publique, c’est : source IFN, une production nationale inférieure à la forêt privée : 6 m3/ha /an pour 8 m3/ha/an en forêt privée. C’est bien le résultat direct d’une exploitation plus forte, plus intensive en forêt publique avec comme conséquence, un volume total sur pieds à l’ha plus faible de 25% (moins d’arbres, moins de volume). L’ONF dit que la forêt privée est sous-exploitée (parfois) mais c’est surtout la forêt gérée par l’ONF qui est trop exploitée, le constat de terrain est sans appel ! (Voir aussi les plans de gestion de l’ONF pour chaque forêt)
L’ONF a également confirmé que les rotations (passages en coupe dans la même parcelle) seraient raccourcies, elles sont passées progressivement de 15 ans à 10 ans…(voir moins) c’est vicieux car invisible de la plupart des personnes, de même le diamètre d’exploitabilité est lui aussi revu à la baisse ce qui fait que l’on coupe des arbres de plus en plus petits et jeunes, les éclaircies seront également plus fortes, pour paraît-il résister aux tempêtes…(lire le rapport de l’INRA !) La densité des peuplements forestiers est déjà faible pour beaucoup de forêts…voir les normes sylvicoles avec les surfaces’ terrières’ ainsi que les rendements volume à l’hectare... les conséquences en seront : disparition de certaines classes d’âge ( les plus vieux), des arbres plus courts mais aussi plus branchus, plus coniques et avec une structure des peuplements bouleversée avec une régularisation des peuplements qui va à l’encontre de la futaie irrégulière préconisée en montagne !Que fait-on du guide de sylviculture des forêts des Bauges qui préconise la futaie irrégulière, le respect de toutes les classes d’âge…et les directives de Natura 2000 ?...Des chercheurs du CEMAGREF ( institut de recherches en Ingénierie de l’Environnement) disent que la « sylviculture intensive menace la diversité biologique…les forêts exploitées intensément abritent un éventail d’espèces vivantes plus réduit…Ces résultats mettent en évidence la nécessité de conserver des forêts anciennes… » Message de scientifiques qu’il faut prendre en compte !
Les chercheurs de l’INRA, eux aussi, dans une note de juillet 2009 sont très critiques sur la gestion forestière actuelle de l’ONF, ils disent : « L’association d’une sylviculture de type intensif et en même temps de la biodiversité est écologiquement impossible… » Ils disent aussi : « Les gens bien informés le savent bien…Il reste à espérer que ce honteux camouflage en vert ne soit pas suivi trop à la lettre dans les régions forestières françaises, et que des initiatives locales positives de forestiers compétents et responsables puissent s’exprimer pour sauver réellement ce qui reste de biodiversité forestière… » Au moins, c’est clair !
Ces constats de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) sont sévères, et il y a aussi d’autres remarques qui concernent l’accumulation de carbone, la nécessité de conserver des forêts anciennes, la résistance des peuplements forestiers au vent et les densités forestières trop faibles… Des notions qui contredisent les discours actuels…A lire obligatoirement !
En SAVOIE Il a même été dit que certains scieurs ne voulaient que des arbres plus petits en diamètre à cause de leurs machines à scier…c’est un comble ! Ce serait une sylviculture faite pour l’industrie ! Pauvre forêt ! Out son fonctionnement naturel…son écosystème et ses fonctions sociales… On est loin de NATURA 2000 qui préconise une forêt équilibrée dans ses classes d’âges, variées dans sa composition et exploitée raisonnablement en préservant aussi les gros bois…
La réalité de la forêt gérée en Bauges est (sources plans de gestion ONF pour chaque forêt, à consulter en mairies.) :
Une productivité de 2 à 5m3 / ha /an…on est loin des chiffres officiels de l’IFN….Des volumes sur pieds en baisse presque partout, forêts communales, forêts domaniales et départementales, des rendements à l’ha.en baisse aussi…reconnus par ces plans de gestion où parfois les mots surexploitations sont prononcés et également les phrases « réduction des prélèvements avec augmentation de gros bois. » ! (C’est bien de l’admettre).
Alors ? Comment prélever plus ? Comment répondre à la demande de l’Etat d’augmenter la production ANNUELLE de 5 millions de mètres cubes à prélever dans les forêts domaniales et communales ?
Les conséquences de ces surexploitations seront catastrophiques pour les forêts concernées ! On ne pourra pas sans risques, récolter des bois n’importe où ! Il y a des zones d’altitude ou de forte pente où le forestier a un devoir de préserver ces peuplements pour des raisons d’éthique, de protection contre les avalanches ou phénomènes d’érosion, et aussi pour préserver certains milieux forestiers très fragiles que sont les forêts d’altitude appelés ; zones de combat » où vivent une flore et une faune très particulières. Classons ces forêts « haut perchées » en réserves biologiques intégrales, si utiles pour la biodiversité et sans aucun intérêt sur le plan économique.
Trop couper maintenant se paiera obligatoirement dans les années futures par une baisse importante de la récolte que l’on perçoit déjà sur certaines forêts communales.
Ecoutez les forestiers de terrain (sur le net), ils souffrent en silence des atteintes portées aux forêts qu’ils défendent ! Ils savent d’expérience que la situation est grave ! Pourquoi les belles forêts de certains secteurs du massif des Bauges, seraient-elles devenues parce qu’elles sont riches en bois, riches en diversités, riches en gros bois…des exemples à ne plus suivre ! Ecoutez aussi les anciens bûcherons, exploitants forestiers…usagers de la forêt, ils parlent !
Dernière interrogation : comment se fait-il que l’on puisse faire l’impasse sur tous les aménagements forestiers en vigueur ! Sont-ils faux ? Et pourquoi l’ONF ne défend-il pas son outil de gestion ? Sa crédibilité future en ce qui concerne l’élaboration des plans de gestion pourrait en être remise en question ! Juste un peu de courage ! Respectons ces documents de gestion actuels et non les nouvelles directives nationales déconnectées de la réalité de terrain ! Il ne peut pas y avoir de double discours de la part des gestionnaires, celui de dire « Qu’il y a trop de gros bois et qu’il faut éclaircir plus fortement » et en même temps de dire que les forêts sont trop pauvres à cause de la gestion passée !
Personnellement, je préconise, au vu des documents d’aménagements forestiers actuels et de la situation de terrain, un moins coupé de 25% en forêts publiques !
En 2010, une coupe définitive (coupe rase) a été réalisée en forêt communale de Doucy en Bauges, conjointement avec une coupe privée sur forte pente,( exploitation par câble)…un bel exemple de (non) gestion forestière conforme aux directives du PNR et Natura 2000… ? Une parcelle forestière détruite pour plus d’un siècle, pour quel bénéfice… ?
A qui le tour ? Domaniale de Bellevaux… ?
Il n’est pas trop tard pour réagir.
Respectons les rythmes de la vie forestière, la sylviculture doit être dictée par les réalités du milieu et non par des impératifs économiques ou politiques !…il en va de la crédibilité des gestionnaires…
Guy ROCHON
janvier 2011
Références consultables :
- Lettre de mission du président SARKOZY et discours à URMATT
- Rapport Hervé GAYMARD
- Rapport de la Cour des Comptes
- Rapport au Sénat
- Note technique du CEMAGREF sur la sylviculture et la biodiversité.
- Note technique de l’INRA sur la gestion sylvicole et le réchauffement climatique…
- La charte forestière du Massif des Bauges
- Charte Natura 2000
- Charte forestière du Territoire
- Plans de gestion forestière de l’ONF …
- Histoire du service forestier en France
- Journal « L’élu d’aujourd’hui » : service public forestier en danger…
- ALERTE Monin…appel à mobilisation…la disparition du Régime forestier…
- Les forestiers de l’ONF mobilisés….
- Petit diaporama sur la forêt des Bauges
A tous les amoureux de la forêt…et
aux décideurs publics !
Ancien
forestier, je ne peux passer sous silence les atteintes possibles à la forêt
baujue. Des risques de surexploitation existent, ils sont le résultat de
directives nationales qui demandent à la forêt française de « produire
plus ». Et cette demande n’est pas acceptable sur le principe, surtout en
ce qui concerne la forêt publique déjà largement exploitée, parfois au-delà de
ses possibilités réelles. Je vous livre à la lecture ce long commentaire qui
est fait uniquement pour poser les questions et aussi pour permettre à la forêt
de mieux se porter à l’avenir. Merci.
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Quelques remarques…pour mieux comprendre
les dérives d’un système qui risque de malmener durablement les milieux
forestiers
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A propos du
Grenelle de l’Environnement et des directives nationales concernant la forêt
française, il a été dit : « En 25 ans, la production biologique de la
forêt française a progressé de 30%, la récolte est restée stable ! »
Dans son rapport
sur la forêt, Hervé Gaymard, président de l’ONF dit : « De 1966 à
2010, la récolte en forêts publiques a progressé de 64 % » ( voir le
graphique sur les prélèvements forestiers et les ressources financières)
Alors, que faut-il
croire ?
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« Gérer,
c’est prévoir pour demain, après-demain…pour les générations futures. Le court
terme n’existe pas en matière forestière. L’unité de mesure est le
siècle ! »
Sur le fond, Natura 2000 est une
bonne chose car ses objectifs sur le papier, impliquent un respect de la nature
avec un développement raisonné de l’activité humaine. C’est donc un objectif
défendable.
Sur la forme, on est hélas bien loin de la réalité et en ce
qui concerne la forêt publique : on peut même être inquiet !
Si l’ONF « joue le jeu Natura 2000 en réunion » pour les forêts qu’il gère…
sur le terrain il en est tout autrement.
Lors de débats, après des discours
optimistes sur ce dossier, il semblerait que la forêt baujue n’ait pas de
problèmes…on ne parle que de croissance, d’expansion et de sous
exploitation…que les rendements nationaux indiquent un accroissement de la
forêt en surface (ce qui est vrai depuis 100 ans ! ce n’est pas nouveau…) et donc qu’il
faudra exploiter d’ici à 2020, 21 millions de M3 supplémentaires soit 50% de
plus qu’actuellement (lettre Sarkozy à Gaymard, président de l’ONF) dont 5
millions pour les seules forêts publiques ( + 25%). Les gros efforts de
reboisements en France remontent à l’après guerre, ils ont déjà 60 ans
d’existence pour la plupart et l’IFN les
a déjà pris en compte et inventoriés plusieurs fois ! La montée en
puissance de la forêt est progressive et les différentes structures de gestion
et d’exploitation ont déjà pris en compte cette problématique…ce n’est pas
quelque chose de nouveau. Sur les trente
dernières années, la progression des volumes mobilisés a été de + 43% en forêt domaniale et + 40% en forêt des
collectivités (source :
rapport de la « Cour des Comptes » et
de + 64,28% entre 1966 et 2010 !
(rapport GAYMARD) où est donc la
sous-exploitation ?
La problématique du réchauffement
climatique et l’accroissement forestier supposé ne se sont pas non plus fait du
jour au lendemain…Le fonctionnement de la nature n’est pas aussi rapide et
réactif que les décisions ministérielles !Du jour au lendemain, son
rendement en volume ne peux pas passer à + 40% !
Out ! La tempête de 1999 et ses 45 millions de m3 par terre, 1,5 million
d’hectares détruits pour une longue période de 50 ans à 150 ans, le 1/10 ème de
la forêt française ! Et pourtant, tout va bien puisqu’il est prévu
d’augmenter la production nationale de 40% en quelques années, d’ici à 2020 !
et pour toujours …
A une réunion à la Maison du PNR des Bauges au
Châtelard, la « sous-exploitation de la forêt » a été relevée à de
multiple reprises par les intervenants et chaque participant a pu entendre
cette messe que l’on nous rabâche un peu trop.
L’ONF et ses responsables
départementaux confirment une forêt publique en bonne santé, sous-exploitée et
qui peut encore supporter des prélèvements plus forts ! ! C’est un discours politique, conforme aux
directives nationales… Quel irréalisme inquiétant ! On a parlé que de son rôle de production de bois, de
volumes à récolter tout cela avec un discours rassurant sur l’écologie de la
forêt ( écologie-spectacle avec ses deux arbres creux à l’hectare
pour rassurer le public) !…impasse totale sur ses fonctions écologiques,
environnementales, sociales et culturelles et son rôle de protection en
montagne qui devrait être une préoccupation majeure pour des gestionnaires de
milieux naturels : les avalanches, l’érosion des sols, les chutes de
pierres et la préservation des habitats faunistiques et floristiques…sans
oublier l’aspect visuel du couvert forestier. Pour répondre à des besoins
accrus de bois, doit-on déstabiliser des forêts de
montagne, sur forte pente, en faisant l’impasse sur les
plans de gestion de l’ONF ? Qu’en pensent les
Co-gestionnaires de la Réserve Nationale
de Chasse et de Faune Sauvage des Bauges ? Et le PNR ? Quelle
position ? Je suivrai de près l’installation programmée de lignes de
câbles pour exploiter en forêt
domaniale de Bellevaux, au cœur de la Réserve Nationale
de Chasse des Bauges, des forêts sur forte pente,
autrefois préservées de toute exploitation, déjà traversées par plusieurs
couloirs d’avalanches où les enjeux de protection et d’impact visuel seront
très importants, sans oublier les risques humains de chutes de pierres lors de
l’exploitation, dans un secteur très fréquenté par les randonneurs…tout cela
pour un revenu financier négatif !( Forêt domaniale).
La réalité écrite et chiffrée de la forêt publique,
c’est : source IFN, une
production nationale inférieure à la forêt privée : 6 m3/ha /an pour 8 m3/ha/an en forêt privée. C’est bien
le résultat direct d’une exploitation plus forte, plus intensive en forêt
publique avec comme conséquence, un volume total sur pieds à l’ha plus faible
de 25% (moins d’arbres, moins de volume).
L’ONF dit que la forêt privée est sous-exploitée (parfois) mais c’est surtout
la forêt gérée par l’ONF qui est trop exploitée, le constat de terrain est sans
appel ! (Voir aussi les plans de gestion de l’ONF pour chaque forêt)
L’ONF a également confirmé que les rotations (passages en
coupe dans la même parcelle) seraient raccourcies, elles sont passées progressivement de 15 ans à 10 ans…(voir
moins) c’est vicieux car invisible de la plupart des personnes, de même le diamètre d’exploitabilité est
lui aussi revu à la baisse ce qui fait que l’on coupe des arbres de plus en
plus petits et jeunes, les éclaircies seront également plus fortes, pour
paraît-il résister aux tempêtes…(lire le rapport de l’INRA !) La densité des peuplements forestiers est déjà faible pour
beaucoup de forêts…voir les normes
sylvicoles avec les surfaces’ terrières’ ainsi que les rendements volume à
l’hectare... les conséquences en seront : disparition de certaines classes
d’âge ( les plus vieux), des arbres plus courts mais aussi plus branchus,
plus coniques et avec une structure des peuplements bouleversée avec une
régularisation des peuplements qui va à l’encontre de la futaie irrégulière
préconisée en montagne !Que fait-on
du guide de sylviculture des forêts des Bauges qui préconise la futaie
irrégulière, le respect de toutes les classes d’âge…et les directives de Natura
2000 ?...Des chercheurs du
CEMAGREF ( institut de recherches en Ingénierie
de l’Environnement) disent que la « sylviculture intensive menace la
diversité biologique…les forêts exploitées intensément abritent un éventail
d’espèces vivantes plus réduit…Ces résultats mettent en évidence la nécessité
de conserver des forêts anciennes… » Message de scientifiques qu’il faut prendre
en compte !
Les chercheurs de l’INRA,
eux aussi, dans une note de juillet 2009 sont très critiques sur la gestion
forestière actuelle de l’ONF, ils disent : « L’association d’une sylviculture de type intensif et
en même temps de la biodiversité est écologiquement impossible… » Ils
disent aussi : « Les gens bien informés le savent bien…Il reste à
espérer que ce honteux
camouflage en vert ne soit pas
suivi trop à la lettre dans les régions forestières françaises, et que des
initiatives locales positives de forestiers compétents et responsables puissent
s’exprimer pour sauver réellement ce qui reste de biodiversité
forestière… » Au moins, c’est clair !
Ces constats de l’Institut National
de la Recherche Agronomique
(INRA) sont sévères, et il y a aussi d’autres remarques qui concernent
l’accumulation de carbone, la nécessité de conserver des forêts anciennes, la
résistance des peuplements forestiers au vent et les densités forestières trop
faibles… Des notions qui contredisent les discours actuels…A lire obligatoirement !
En SAVOIE Il a même été dit que certains scieurs ne voulaient que des
arbres plus petits en diamètre à cause de leurs machines à scier…c’est un
comble ! Ce serait une sylviculture faite pour l’industrie ! Pauvre
forêt ! Out son fonctionnement naturel…son écosystème et ses fonctions
sociales… On est loin de NATURA 2000 qui préconise une forêt équilibrée dans
ses classes d’âges, variées dans sa composition et exploitée raisonnablement en
préservant aussi les gros bois…
La réalité de la forêt gérée en Bauges est (sources plans de gestion ONF pour
chaque forêt, à consulter en mairies.) :
Une productivité de 2 à 5m3 / ha /an…on est
loin des chiffres officiels de l’IFN….Des volumes sur pieds en
baisse presque partout, forêts communales,
forêts domaniales et départementales, des rendements à l’ha.en
baisse aussi…reconnus par ces plans de
gestion où parfois les mots surexploitations sont prononcés et également les
phrases « réduction des prélèvements avec augmentation de gros bois. » !
(C’est bien de l’admettre).
Alors ?
Comment prélever plus ? Comment répondre à la demande de l’Etat
d’augmenter la production ANNUELLE de 5 millions de mètres cubes à prélever
dans les forêts domaniales et communales ?
Les conséquences de ces
surexploitations seront catastrophiques pour les forêts concernées ! On ne
pourra pas sans risques, récolter des bois n’importe où ! Il y a des zones
d’altitude ou de forte pente où le forestier a un devoir de préserver ces peuplements pour des raisons d’éthique, de protection contre
les avalanches ou phénomènes d’érosion, et aussi pour préserver certains milieux forestiers très fragiles que sont
les forêts d’altitude appelés ; zones
de combat » où vivent une flore et une faune très particulières. Classons ces
forêts « haut perchées » en réserves biologiques intégrales, si
utiles pour la biodiversité et sans aucun intérêt sur le plan économique.
Trop couper maintenant se paiera
obligatoirement dans les années futures par une baisse importante de la récolte que l’on perçoit déjà sur
certaines forêts communales.
Ecoutez les
forestiers de terrain (sur le net), ils souffrent en silence des atteintes
portées aux forêts qu’ils défendent ! Ils savent d’expérience que la
situation est grave ! Pourquoi les belles
forêts de certains secteurs du massif des Bauges, seraient-elles devenues parce
qu’elles sont riches en bois, riches en diversités, riches en gros bois…des
exemples à ne plus suivre ! Ecoutez aussi les anciens
bûcherons, exploitants forestiers…usagers de la forêt, ils parlent !
Dernière interrogation :
comment se fait-il que l’on puisse faire l’impasse sur tous les aménagements
forestiers en vigueur ! Sont-ils faux ? Et pourquoi l’ONF ne
défend-il pas son outil de gestion ? Sa crédibilité future en ce qui
concerne l’élaboration des plans de gestion pourrait en être remise en
question ! Juste un peu de courage ! Respectons ces
documents de gestion actuels et non les nouvelles directives nationales déconnectées de la réalité de terrain ! Il ne peut pas y avoir de double discours de la part des
gestionnaires, celui de dire « Qu’il y a trop de gros bois et qu’il faut
éclaircir plus fortement » et en même temps de dire que les forêts sont
trop pauvres à cause de la gestion passée !
Personnellement, je préconise, au
vu des documents d’aménagements forestiers actuels et de la situation de
terrain, un moins coupé de 25% en forêts publiques !
En 2010, une coupe définitive (coupe
rase) a été réalisée en forêt communale de Doucy en Bauges, conjointement avec
une coupe privée sur forte pente,( exploitation par câble)…un bel exemple de
(non) gestion forestière conforme aux directives du PNR et Natura 2000… ? Une parcelle forestière détruite pour plus
d’un siècle, pour quel bénéfice… ?
A qui le
tour ? Domaniale de Bellevaux… ?
Il n’est pas trop tard
pour réagir.
Respectons les rythmes de la vie
forestière, la sylviculture doit être dictée par les réalités du milieu et non
par des impératifs économiques ou politiques !…il en va de la crédibilité
des gestionnaires…
Guy ROCHON
janvier 2011
Références consultables :
-
Lettre de mission du
président SARKOZY et discours à URMATT
-
Rapport Hervé GAYMARD
-
Rapport de la Cour des Comptes
-
Rapport au Sénat
-
Note technique du
CEMAGREF sur la sylviculture et la biodiversité.
-
Note technique de
l’INRA sur la gestion sylvicole et le réchauffement climatique…
-
La charte forestière du
Massif des Bauges
-
Charte Natura 2000
-
Charte forestière du
Territoire
-
Plans de gestion
forestière de l’ONF …
-
Histoire du service
forestier en France
-
Journal « L’élu
d’aujourd’hui » : service public forestier en danger…
-
ALERTE Monin…appel à
mobilisation…la disparition du Régime forestier…
-
Les forestiers de
l’ONF mobilisés….
-
Petit diaporama sur la
forêt des Bauges
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