Les balles traversaient leurs cibles, au risque d’atteindre des passants. 48 millions de cartouches ont été commandées, pour près de six millions d’euros, cinq ans seulement après le dernier marché public.
23 novembre 2006, aux abords du Parc des Princes. Un supporteur du Hapoël Tel Aviv est pris à partie par des fans du PSG. Les insultes antisémites fusent, on craint un lynchage, jusqu’à ce qu’un policier intervienne et tire. Bilan : un blessé grave, atteint au poumon, et un autre, mortellement touché au cœur, par la même balle. Juillet 2008, Paris, XIe arrondissement. Deux policiers se blessent avec leurs propres armes en interpellant un homme qui brandit un couteau. Les balles ont ricoché. Ces deux épisodes dramatiques – parmi d’autres – ont poussé le ministère de l’Intérieur à changer les munitions qui accompagnent la nouvelle arme de la police nationale depuis 2003, le Sig Sauer. En cause, « des balles blindées très perforantes, trop », dit un fonctionnaire. L’énorme opération de remplacement (deux chargeurs de trente coups par fonctionnaire) commencé au printemps s’achève ces jours-ci. Dans une certaine urgence qu’ont déplorée les policiers.
Le budget est conséquent. Attribué en mai 2009, le nouveau marché porte sur 5,8 millions d’euros. Il a été remporté par l’américain Alliant Techsystems et une filiale française du groupe Beretta. Ils fabriqueront jusqu’à 48 millions de cartouches « Speer Gold Dot haute performance » pour l’ensemble des 250.000 policiers, gendarmes, douaniers et surveillants de prison. Des balles plus chères, mais « optimisées », pour, d’une part, « neutraliser » des personnes armées dans le cadre d’une fusillade et, d’autre part, éviter les victimes collatérales. Contrairement aux blindées, cette balle à pointe creuse, dite « expansive », se déforme en rencontrant un obstacle et sa vitesse est freinée.
L’ancienne munition, commandée en 2005, aurait été choisie en dépit du bon sens. « Elle n’était pas du tout adaptée à l’usage police, commente un syndicaliste. Elle était destinée à un usage de guerre, pour blesser. Parce que, sur un champ de bataille, un blessé mobilise trois personnes. Dans la police, nous nous retrouvons dans des situations avec des mecs en face de nous qui prennent quatre à cinq balles et continuent de tirer. Aux Etats-Unis, ça fait trente ans qu’ils utilisent des balles expansives. C’est comme sur le plan routier. En France, on aménage un carrefour quand il a fait vingt morts. C’est un peu la même logique. »
Le marché du Sig Sauer, en remplacement du vieux revolver Manurhin, avait porté sur 260.000 pistolets et 90 millions d’euros, « la plus grosse commande d’armes de service d’après-guerre », s’était réjoui Sauer und Sohn, le fabricant allemand. Le marché des munitions, lancé en 2004, portait alors sur un minimum de 20 millions de cartouches, pour 2,2 millions d’euros. « Quand on change autant d’armes, on réfléchit tout de même un peu aux munitions qui vont avec », s’indigne un autre policier, basé dans le sud de la France. Des essais avaient pourtant eu lieu, avec des centaines de milliers de cartouches tirées. C’était pour tester les revolvers, pas les munitions. Pourtant, les gendarmes, qui ont reçu la même arme en dotation, ont fait un autre choix. Dès le début, ils avaient opté pour des balles avec une ogive plastique, qui limite leur pouvoir de pénétration.
Un policier renvoyé en correctionnelle, un autre mis en examen et deux jeunes gens qui ont perdu partiellement ou totalement l’usage d’un œil. L’utilisation du Flash-Ball n’est pas sans risque, malgré les assurances faites lors de son introduction il y a maintenant plus de dix ans. Ces armes sont non létales et correspondent, selon le fabricant, à un coup de poing asséné par un boxeur professionnel. Elles ne tuent pas mais peuvent faire des dégâts, surtout si elles sont mal utilisées, comme à Montreuil (Seine-Saint-Denis), quand un manifestant de 34 ans en a reçu une en plein visage par un policier qui n’était pas en état de légitime défense. Idem à Toulouse en 2009, quand un étudiant en sociologie a été grièvement blessé à l’œil. Il s’agissait alors de la première génération de Flash-Ball. Depuis, le « LBD 40 », c’est-à-dire un lanceur de balles de défense de 40 mm, a été généralisé. Beaucoup plus précise, l’arme a passé la portée de tir de moins de 10 mètres à plus de 30 mètres. Alors qu’il était en phase de test, à Nantes en 2007, un lycéen de 17 ans a reçu un projectile en pleine tête. Et a perdu lui aussi la vue d’un œil. Le mois dernier, le policier qui tirait a été renvoyé en correctionnelle.
""""Dès le début, ils avaient opté pour des balles avec une ogive plastique, qui limite leur pouvoir de pénétration."""
Ce qui a l'immense "avantage" de n'avoir aucun pouvoir de pénétration et ainsi de mettre encore plus en danger celui qui rite en riposte....
La bille présente sur les balles composant les cartouches utilisées par les Gendarmes a un double but: assurer une alimentation fiable en évitant à la balle à tête creuse de se déformer et assurer une expansion symétrique et optimale de la balle pour augmenter son pouvoir d'arrêt.
Elle pénètre moins certes mais transfère plus d'énergie dans la cible là où les balles blindées peuvent traverser un homme et tuer celui derrière...
bonjour, si ces questions de balistique et de l'usage des armes létales ou non vont intéressent, je suis l'auteur d'un ouvrage qui développe l'ensemble du sujet sur le plan technique, juridique et pratique. FORCE A LA LOI, aux éditions CREPIN LEBLOND.
L.F. LIENARD, Avocat à la cour d'appel de Paris
C'est un journaliste qui a écrit ce truc?
On frise le ridicule
Déjà, c'est pas deux chargeurs de 30 coups (ca n'existe pas pour le sig pro), mais 2 chargeurs de 15 coups.
Ensuite, c'est pas une "immense opération de remplacement", il s'agit juste de mettre de nouvelles balles dans les chargeurs, ca devrait pas être trop difficile. Alors que l'article suggère que ce sont les chargeurs qui doivent être remplacés - Complètement faux, c'est évidemment le même calibre et la compatibilité avec l'arme est totale.
Les munitions FMJ (donc blindées) seront utilisées à l'entrainement, tout simplement.
Et la commande n'a rien d'énorme comme vous le prétendez, si on fait le calcul (une simple division), on voit que c'est 192 cartouches par homme... Ce qui est ridicule... C'est ce qu'un civil grille en un seul entrainement... Combien de cartouches tire un policier par ans?
Concernant les JHP (donc à tête creuse), c'est surtout qu'a l'impact elles doublent de diamètre et déchiquettent tout sur leur passage. La létalité est augmentée, les probabilités de toucher un organe vital aussi, les chances de survies beaucoup moins importantes. Mais c'est le but après tout, vu qu'elles seront utilisées uniquement dans le cadre de la légitime défense.
Elles sont censées durer combien de temps, ces 192 cartouches par homme?
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