Sage ou débridée ? Epanouie ou complexée ? Comment les Françaises vivent-elles leur sexualité ? Le documentaire en trois parties, Sexe, amours et société, diffusé à partir de ce soir sur France 2, tente d’y répondre à travers une série de témoignages. Si les Françaises se sont libérées en 1968, aujourd’hui elles sont complètement autonomes. Passage en revue des dernières tendances sexuelles chez les femmes.
Toujours plus de liberté
En cinquante ans, les Françaises se sont libérées des carcans religieux et patriarcaux : plus épanouies, car elles connaissent mieux leur anatomie et savent comment éprouver du plaisir, elles sont aussi plus autonomes, comme en atteste l’explosion du marché des
sex toys. Revers de la médaille : leurs alter ego masculins ne savent plus où est leur place. «
Il y a de plus en plus d’hommes au foyer, constate la journaliste Claude Sarraute, 83 ans, qui s’est confiée à Laurent Ruquier dans le livre
Avant que t’oublies tout.
Or, même si les femmes ont besoin d’indépendance, elles veulent aussi un homme qui les protège. » Pour la sexologue Catherine Solano, auteur des
Trois cerveaux sexuels, aux Ed. Robert Laffont, l’égalité homme-femme vers laquelle tend la société a aussi des conséquences positives : «
Une enquête a montré que plus un homme réalise de tâches ménagères, plus sa femme a de désir pour lui. » A bons entendeurs !
Une bisexualité assumée
Des actrices comme Angelina Jolie ou Megan Fox assurent aimer autant les hommes que les femmes. Un argument marketing de poids pour séduire le public masculin. Et une influence sur les femmes de plus en plus nombreuses à se laisser tenter par une relation homosexuelle. Soit parce qu’elles considèrent que l’on aime avant tout une personne, quel que soit son sexe, soit parce qu’elles veulent essayer autre chose. 5 % des femmes ont déjà eu une relation homosexuelle et 11 % ont déjà éprouvé du désir pour une autre femme, d’après une enquête TNS Sofres d’avril 2009. Chez les jeunes, c’est une tendance qui a encore de beaux jours devant elle : «
Une de mes patientes de 16 ans voyait ça comme une expérience, raconte Catherine Solano.
Je trouve choquant qu’on prenne les gens pour des objets sexuels, c’est symptomatique de la société de consommation. Ça fait bien de dire qu’on est bi, mais il faudrait se reconnecter avec ses sentiments. »
Plus infidèles
C’est un fait : les femmes ont plus d’opportunités qu’avant, notamment sur leur lieu de travail. «
Elles ont aussi plus de pouvoir financier : s’il faut une voiture ou un hôtel pour retrouver son amant, il faut aussi de l’argent », souligne la sexologue. Et avoir une liaison est plus facile dans les grandes villes qui favorisent un certain anonymat. Mais infidélité ne rime pas forcément avec divorce : «
Les femmes de plus de 35 ans savent que si elles sont attirées par quelqu’un, ce n’est pas forcément de l’amour. Elles sont conscientes qu’il peut s’agir d’une relation de courte durée. »
Cougars : phénomène éphémère ?
En ce moment, on ne parle que d’elles : les cougars, terme venu des Etats-Unis signifiant «
panthères » et désignant ces quadras ou quinquas en couple avec un homme beaucoup plus jeune. Madonna, Demi Moore ou encore Claire Chazal, qui a vingt ans de plus que son compagnon, Arnaud Lemaire, montrent la voie. Mais peut-on vraiment parler d’une tendance durable ? Il y a en tout cas une demande, que ce soit de la part des femmes ou des jeunes hommes. Les créateurs d’Allocougar.com l’ont bien compris. Ce site, lancé en mars pour mettre en contact ces «
prédatrices » et leurs «
proies », comme l’annonce le texte d’accueil, compte 70.000 membres et séduit des hommes entre 20 et 35 ans, à la recherche de femmes mâtures, sans projet de maternité. Les utilisatrices ont entre 35 et 60 ans. Sur Allocougar.com, on compte en moyenne cinq hommes pour une femme. Certaines inscrites sont des étudiantes. Preuve qu’il s’agit d’un lieu de rencontre avant tout. Claude Sarraute, qui a traversé cinq décennies, va encore plus loin : la « cougarmania » est une création des magazines. «
Colette évoquait déjà dans le roman Chéri la relation entre une courtisane de 50 ans et son jeune amant, et le dernier mari d’Edith Piaf avait 25 ans… » Le point commun des cougars ? «
Une certaine aura et la notoriété. Ce sont rarement des caissières… » La relation prend souvent fin lorsque l’homme veut des enfants ou ne supporte plus de voir le corps de sa maîtresse s’abîmer… Avoir un conjoint beaucoup plus jeune au vu et au su de tous, n’est en tout cas plus l’apanage des hommes.
Les seniors se prennent en main
Même si elle est souvent taboue, la sexualité des seniors existe. Mais 28 % seulement des personnes âgées de 59 à 70 ans se disent comblées, d’après le sondage Sofres d’avril 2009. Du coup, beaucoup n’hésitent plus à reprendre leur liberté : d’après une étude 2007 de l’Ined, le taux de divorce des 60 ans et plus a augmenté de 28 % chez les femmes en dix ans. «
Les femmes célibataires à 60 ans et plus n’ont pas envie de jouer à l’infirmière avec un petit vieux. Et inversement », note Claude Sarraute.
Pour elle, il existe deux cas de figure concernant la sexualité d’une femme senior : «
Soit elle est en couple et entretient des relations de tendresse avec son mari, avec qui elle a encore quelques relations sexuelles. Soit elle est veuve et il est très difficile dans ce cas de se montrer nue devant un inconnu. La nature est bien faite : moins on fait l’amour, moins on a envie de le faire. »
*
Sexe, amours et société, documentaire en trois parties de 52 minutes diffusées en deuxième partie de soirée sur France 2 les 6, 13 et 20 mai.