1.200 plaintes ont été déposées aux États-Unis contre les effets secondaires du Chantix, connu sous le nom de Champix en France. Ce médicament de sevrage tabagique développé par le laboratoire pharmaceutique américain Pfizer serait accusé notamment de déclencher des troubles du sommeil (tels des insomnies et des rêves anormaux), des céphalées (douleurs ressenties au niveau du crâne), des trous de mémoire, mais aussi et surtout des pensées suicidaires, voire des passages à l'acte.
Ainsi sur les 1.200 plaintes déposées outre-Atlantique, on compterait «
bien plus d'une centaine de suicides réussis », selon le principal avocat des plaignants, Ernest Cory. «
60% des plaintes parlent de tentatives de suicide ou de suicides réussis », ajoute encore l'avocat qui dit s'attendre encore au dépôt d'«
un millier d'autres » plaintes pour «
négligence » contre Pfizer.
En France, le Champix a eu son autorisation de mise sur le marché en 2007, un an après les États-Unis. Et il est depuis fortement surveillé puisqu'il s'agit d'une nouvelle molécule. Ainsi le Champix «
a vu sa notice modifiée en 2008 en raison de symptômes entraînant notamment des comportements dépressifs et suicidaires », a expliqué
à 20minutes.fr le docteur Anne Castot, responsable du service de gestions des risques des médicaments à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Rappelant que ces effets secondaires étaient connus et qu'ils faisaient l'objet «
de mises en garde et de précaution d’emploi », elle a tout de même signalé que «
si ces symptômes apparaissent, il faut observer le patient et arrêter le traitement ».
Pour le moment, rien ne permet d’établir un lien direct avec le médicament et ces effets secondaires, qui peuvent aussi être liés au sevrage des fumeurs ou à une maladie sous-jacente chez ces derniers. Mais, il n'empêche qu'en France le Champix devrait être réévalué en février 2011.
« Privilégier les gommes et les patchs »
Mais aux États-Unis, l'affaire sera portée devant les tribunaux. Et l'avocat des 1.200 plaignants exclut la possibilité d'un seul et unique procès du Chantix, puisque chaque plainte individuelle est «
un cas unique ».
De même, un accord financier global entre Pfizer et les plaignants est également envisageable, ainsi qu'un retrait du marché de ce médicament par l'Agence américaine du médicament (Food and Drug administration, FDA) si les patients obtiennent gain de cause.
Mais en France, le Champix reste largement prescrit. Certains nutritionnistes ont même noté qu’il était utilisé comme coupe-faim, un effet de mode
en ces temps de scandale du Mediator. Mais pour le docteur Anne Castot de l'Afssaps, il s'agit aujourd'hui de faire attention à ne pas trop «
diaboliser les médicaments ». Car à force, «
on va se retrouver avec des patients en détresse et il ne faut pas oublier le poids du tabagisme », a-t-elle encore confié.
Toutefois
la revue médicale indépendante
Prescrire, qui avait donné l'alerte sur le Mediator et émis un avis défavorable sur le Champix en avril 2008, conseille aux gros fumeurs candidats à l'arrêt de la cigarette «
de privilégier les gommes et les patchs à la nicotine ».