Saupoudrée sur des plastiques, imprégnée dans des vêtements, dissimulée dans des pots de Nutella, mélangée à de la cire d’abeille, la cocaïne emprunte des voies de plus en plus originales pour arriver dans l’Hexagone.
Dans son rapport, que
France-Soir s’est procuré (notre édition d’hier), l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies s’inquiète de ce nouveau phénomène : «
Cette évolution est le signe d’un degré élevé d’innovation et de sophistication technologique de ceux qui importent la cocaïne ».
«
Plutôt que de faire venir plusieurs centaines de kilos en une fois, il n’est pas rare de trouver maintenant dix grammes de cocaïne dans des pots de crème, confirme Etienne Apaire, président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt).
Ça paraît peu mais, en réalité, les "mules" sont très nombreuses à être envoyées, avec leurs 10 g par ci, 10 g par là. La main-d’œuvre utilisée n’est pas chère donc, économiquement, le résultat reste viable pour les trafiquants. »
Le Crabe aux pinces d’or
François Thierry, patron de l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (Octris), se souvient encore de cette cargaison de près de 300 kg de haricots rouges qu’il a fallu écosser pour y trouver la cocaïne dissimulée à l’intérieur de certaines graines. «
Depuis, je ne peux plus en manger, ironise le policier », qui compare le procédé à celui des trafiquants dans les Aventures de Tintin - Le Crabe aux pinces d’or. «
Ce qui est plus compliqué à contrôler c’est la cocaïne fondue dans le support. On en retrouve diluée dans l’alcool, dans l’huile, sur du Plexiglas. Nous avons même déjà saisi des statuettes peintes qui avaient été taillées dans de la cocaïne durcie… » Mais, pour François Thierry, cette ingéniosité accrue des trafiquants de drogue est la preuve de la réussite du « bouclier européen ». «
Nos systèmes de contrôle fonctionnent bien et les obligent à trouver des parades », explique-t-il.
Des labos explosifs
Même son de cloche chez Max Ballarin, directeur régional des douanes d’Orly : «
Les passeurs veulent déjouer le scanner et éviter nos chiens. Le chien est dressé à repérer la molécule de stupéfiant, et quel que soit le procédé, il détectera la drogue. En revanche, le douanier qui va contrôler lui-même les sacs des voyageurs aura plus de mal de déceler de tels procédés. »
Toutefois, le passage de la frontière n’est pas le dernier problème à résoudre pour les trafiquants de drogue. Une fois arrivée en Europe, la cocaïne doit passer dans un laboratoire où des chimistes doivent faire fondre son support pour récupérer la drogue. «
Aux Pays-Bas, il y a des laboratoires volants installés dans des camions qui sillonnent le territoire pour se rendre aux points d’arrivée de la marchandise et la reconditionner, détaille Etienne Apaire. Nous l’avons découvert quand certains chimistes maladroits ont fait des erreurs de dosage et que le camion a explosé… »