Tsilla Chelton, née le 21 juin 1919 à Jérusalem, est décédée dimanche chez elle près de Bruxelles, en Belgique - où elle avait passé une partie de son enfance.
L'accariâtre Tatie Danielle qui l'a révélée au grand public a joué un drôle de tour à Tsilla Chelton en éclipsant la grande dame de théâtre, amie de Ionesco, que fut la comédienne disparue dimanche à l'âge de 93 ans. Bien qu'elle laisse surtout l'impérissable souvenir de cette aïeule teigneuse qu'elle avait incarnée pour la caméra d'Etienne Chatiliez, Tsilla Chelton a marqué la scène dans de nombreuses pièces classiques.
« C'était un talent formidable, plus habitué au théâtre qu'au cinéma », a d'ailleurs rappelé le réalisateur qui avait eu le nez de l'arracher aux planches en 1990 pour lui confier ce rôle. « Elle a eu la chance de rencontrer Ionesco qui lui a donné ses galons (...) Le rêve d'un comédien, c'est la rencontre avec des rôles. Elle l'a eu au cinéma comme au théâtre », a ajouté Etienne Chatiliez sur BFM-TV, se souvenant que cette prestation en « vieille dame très méchante l'avait beaucoup amusée ».
« C'était sans doute aussi un peu douloureux de jouer un personnage aussi antipathique », estime quant à elle, Isabelle Nanty, qui lui servait de « nounou » dans le film. « En fabriquant son personnage, elle ne s'était pas fait de cadeau et ce n'était pas marrant de se retrouver chaque matin dans cette peau », a indiqué l'actrice à l'AFP. « Mais elle y allait à fond et elle vous embarquait dans son jeu, avec générosité ». Isabelle Nanty l'avait recroisée lors du 80e anniversaire de la comédienne qui, se souvient-elle, prenait garde de ménager de la place à sa vie personnelle. Epouse du décorateur Jacques Noël, Tsilla Chelton était mère de quatre enfants.
Tsilla Chelton, orpheline de mère à six ans, avait quitté Anvers pour la Suisse pendant la Deuxième Guerre mondiale, avant de s'installer à Paris à la Libération et d'y suivre les cours du mime Marcel Marceau. En 1952, elle avait décroché son premier grand rôle en créant une pièce de Ionesco, Les chaises, suivie de dix autres - notamment Le roi se meurt ou Délire à deux. Elle reçoit un Molière de la meilleure comédienne pour Les Chaises de Ionesco - première des onze pièces de l'auteur roumain qu'elle créa en scène.
Pour la fille de l'auteur Marie-France Ionesco, jointe lundi par l'AFP et attristée par la nouvelle, Tsilla Chelton « reste liée à la création des toutes premières pièces de (mon) père ».
« J'étais petite à l'époque (1952) mais je me rappelle l'intensité, même la bagarre qu'il pouvait y avoir avec le metteur en scène. Mais Tsilla était toujours absolument remarquable, très impressionnante », a-t-elle confié.
L'actrice au registre très vaste joue alors aussi bien des oeuvres contemporaines de Tardieu, Audiberti, que les grands classiques comme Molière ou Shakespeare. Elle est aussi la première femme, en France, à jouer Bertold Brecht avec Michel Serrault, Michel Piccoli et Laurent Terzieff. Prête à partager son art, elle a enseigné l'art dramatique aux futurs complices du Splendid, Michel Blanc, Thierry Lhermitte, Christian Clavier ou Gérard Jugnot.
Elle a été nommée en 1991 pour le César de la meilleure actrice pour sa performance dans Tatie Danielle. Avant Chatiliez, elle a fait de courtes apparitions chez Yves Robert, Claude Chabrol ou Claude Berri. En 2009, elle apparaissait encore dans deux films : Soeur Sourire aux côtés de Cécile de France et La Boîte de Pandore, de la jeune réalisatrice turque Yesim Ustaoglu, pour laquelle elle campait, à 90 ans, une grand-mère à chignon blanc qui perdait la tête. « C'est quelque chose que j'ai appris : j'ai toujours vécu dans le moment présent », confiait-elle alors.
dans la boite de Pandore. D'une justesse remarquable. Très émouvant ce film.
Quelle belle philosophie, quelle sagesse. Vivre le moment présent.
CARPE DIEM. Ma devise aussi !
Elle devient poussière d'étoile, fait briller la voie lactée.
Si la mode dans certains pseudo-spectacles n'est plus d'applaudir poliment mais bien de "faire du bruit" (cf. Nagui!...), la mort de cette immense artiste et professeur révélatrice de nombreux talents, va faire peu de bruit à côté du tonnerre de ces fouteux de... et autres milliardaires du ballon. HONTE A EUX, Gloire à vous, Madame Chelton!
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