Star du sprint et de la longueur une décennie durant, l’Américain Carl Lewis découvre avec plus ou moins de bonheur le métier d’homme politique.
Ironie du sort, c’est sur un faux départ que Carl Lewis a entamé sa carrière de politicien. En novembre 2012, les électeurs américains éliront leurs sénateurs et l’ancien champion du 100 m, 200 m et saut en longueur, médaillé olympique à dix reprises, aimerait se présenter dans le New Jersey sous la bannière démocrate dans le district de Willingboro. Il en a été – temporairement ? – empêché par la secrétaire d’Etat républicaine de l’état, Kimberley Guadagno, qui lui reproche, entre autres, de payer ses impôts en Californie, où il possède une maison et des bureaux. Lewis a porté l’affaire devant les tribunaux et poursuit sa campagne, prouvant qu’un grand compétiteur se relève toujours. Combatif comme au temps de sa gloire, il aime rappeler à ses détracteurs son enfance à Willingboro, pratique le porte-à-porte et distribue des prospectus comme le ferait n’importe quel autre candidat. Le 10 août, les photographes et les journalistes s’étaient donné rendez-vous dans le quartier de classe moyenne de Mount Holly, à 35 kilomètres de Trenton, capitale du New Jersey, pour recueillir les impressions de ce néophyte de 50 ans au curriculum vitae impeccable : président d’une association pour la défense des enfants, Carl Lewis est également devenu ambassadeur des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Une fonction qui lui a permis d’inaugurer le 27 juillet une horloge olympique marquant le compte à rebours jusqu’aux prochains Jeux olympiques de Londres. D’ici un an, qui sait où en sera Lewis ?
La confiance fut l’un de ses moteurs en tant qu’athlète et elle demeure intacte. Lewis « court pour gagner », se veut « un penseur indépendant » et promet « d’étudier les problèmes et voter en conséquence », en aidant les familles du New Jersey « à vivre correctement » et les personnes âgées « à payer leurs frais de santé et pharmaceutiques ». Venue à Mount Holly avec son directeur de campagne, Matt Zinader, l’idole fut chaleureusement accueillie et vite reconnue par les habitants de moins de trente ans. A une enseignante travaillant à temps partiel lui faisant part de son désarroi d’être « sous-payée », il promit de s’engager et de relayer son message.
Mais derrière ce discours volontaire, King Carl cache une image plus contrastée, celle d’un homme, par exemple, monnayant les interviewes qu’il accorde. L’ex-sprinteur français Bruno Marie-Rose, président de la Ligue nationale d’athlétisme, connaît un peu l’Américain pour l’avoir souvent croisé sur les pistes durant sa carrière. « Il faut distinguer l’homme de l’athlète qu’il était, à savoir un modèle d’esthétisme et d’équilibre, un sprinteur qui a apporté une nouvelle façon de courir avant que d’autres, tout en muscles, ne prennent le relais. En dehors du stade, Lewis avait un côté inaccessible assez troublant. Lors des grandes compétitions, il vivait reculé dans un hôtel à l’écart du village olympique. Je suis étonné qu’il embrasse une carrière de politicien, une profession où il faut être passionné, s’investir, discuter et aller au contact avec les gens pour tenter d’améliorer leur quotidien. Cela ne colle pas avec l’image que je garde du personnage. » A son apogée, la star laissait ses conseillers décider pour lui. « J’espère qu’il a évolué positivement et qu’il s’est rendu compte par la suite qu’il fallait être soi-même pour évoluer », conclut Marie-Rose.
Avant de s’imaginer serrer des mains à tours de bras, Carl Lewis s’était longtemps cherché, tentant par exemple sa chance au cinéma et dans diverses séries télévisées. Il avait ainsi décroché un rôle en 2006 dans Material Girls, une comédie pour ados avec l’inoubliable Hilary Duff ; un peu comme si Robert de Niro se présentait sur 100 mètres au meeting de La Roche-sur-Yon. En 1991, Marie-Rose avait pu juger ses talents d’acteur en avant-première lors des Mondiaux de Tokyo : « On sentait clairement une part d’intox dans sa préparation et dans sa façon d’aborder la course. Par rapport à Usain Bolt, il était davantage dans l’attitude que dans les gestes. » L’équipe de France, deuxième du relais, avait longtemps disputé la victoire aux USA. Le palmarès de Lewis demeure son principal atout pour réussir dans un métier où l’image prend une place de plus en plus importante. Première grande star de l’athlétisme, « il a marqué le sport de son empreinte », estime notre sprinteur français Christophe Lemaitre, qui fait de son illustre prédécesseur « un révolutionnaire ». Ne reste maintenant plus qu’à concrétiser cette popularité dans les urnes. Car, comme le dit Bruno Marie-Rose, « il ne suffit pas d’avoir été une icône sportive pour réussir en politique ».
Repères
1961 Naissance dans l’Alabama, à Birmingham, le 1er juillet. Dix ans plus tôt, sa mère, qui lui filera le virus de l’athlétisme, avait participé aux Jeux panaméricains.
1980 Il se qualifie pour sa première grande compétition, les Jeux olympiques d’été de Moscou, que boycotteront les Etats-Unis.
1981 Il court le 100 mètres en 10 secondes à Dallas, alors troisième meilleure performance de tous les temps.
1984 Aux Jeux olympiques de Los Angeles, il remporte quatre médailles d’or sur 100 m, 200 m, 4 x 100 m et saut en longueur.
1988 A Séoul, il bat le record du monde du 100 mètres en 9’92” lors d’une finale olympique restée célèbre pour son duel avec Ben Johnson.
1991 A Tokyo, il améliore son record du monde du 100 mètres pour le porter à 9’86”. Il n’ira jamais plus vite.
1996 Lewis accroche à Atlanta une quatrième médaille d’or au saut en longueur en autant d’olympiades.
1997 Il prend officiellement se retraite, avant d’être élu deux ans plus tard « Sportif du siècle » par le Comité international olympique.
Devenue célèbre du jour au lendemain à 13 ans avec Diabolo menthe, en 1977, elle dirige ...
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