Montpellier : Les supporteurs d'Auxerre ont gâché la fête

Louis Nicollin s'attendait à vivre une soirée difficile dimanche soir au stade de l'Abbé-Deschamps. A une heure et demi du coup d'envoi de la dernière rencontre de la saison de son MHSC face à Auxerre (finalement remportée 2-1), le président montpelliérain était déjà nerveux sur le banc de touche pendant que ses joueurs reconnaissaient la pelouse. Il a été vite rassuré par la présence nombreuse de ses supporters qui ne voulaient manquer pour rien au monde le premier titre de l'histoire de leur club. Ils ont pris place dans le kop visiteurs qui leur était réservé mais nombre d'entre eux garnissaient également les tribunes latérales avec des perruques ou des ballons orange et bleu.

"Ici, c'est la Paillade"

« Ici, c'est la Paillade », entonnaient-ils à l'entrée des coéquipiers d'Olivier Giroud sur la pelouse au moment d'aller s'échauffer. Auparavant, le latéral gauche Henri Bedimo, suspendu pour ce dernier rendez-vous de la saison, avait reçu une chaleureuse acclamation quand il était venu à leur rencontre. La situation s'est répétée lorsque René Girard a imité son défenseur. Sous une pluie glaciale en cette fin de printemps, les supporters héraultais ne perdaient pas leurs voix avec la bande son de Rocky, Eye of the tiger, en fond sonore. Un visionnaire a même préparé une banderole sympathique en demandant à sa petite amie de l'épouser en cas de titre. Ses compères saluaient de leur côté la « saison historique » de leurs chouchous. Ils ont pris possession des lieux désertés par les ultras auxerrois qui ont manifesté un peu plus tôt dans la journée pour exprimer leur colère vis-à-vis de leurs dirigeants. Ils sont ensuite entrés dans leur stade après un quart d'heure de jeu en brandissant des banderoles pas très courtoises : « Vous êtes la honte de ces 32 dernières années », « Tas de cons », « Loulou (Nicollin possède une entreprise de ramassage d'ordures, Ndlr) à quand un contrat avec Auxerre, on a un gros paquet de merde » ou « Direction démission. » Le défenseur Willy Boly était pris à partie verbalement. Même l'ouverture du score d'Olivier Kapo n'a pas calmé leur colère.

Balles de tennis, tomates et papiers toilettes

Elle n'a également pas gâché l'enthousiasme des Héraultais, qui ont continué à encourager leurs joueurs avant d'exploser de joie après le but du Lorientais Monnet Paquet (26e) à Lorient et l'égalisation d'Utaka (32e). A la mi-temps, le clan montpelliérain pouvait afficher un large sourire malgré l'anxiété qui se lisait sur le visage de Nicollin. Le président du MHSC avait de quoi ensuite être excédé par le comportement des supporters auxerrois. Ils avaient promis qu'ils réserveraient une surprise à leurs dirigeants. Ils ne l'ont pas manqué en balançant des balles de tennis, des tomates et du papier toilette dans la surface de Jourdren. Cette attitude a forcé l'arbitre de la rencontre, M. Enjimmi, à la suspendre et à demander aux joueurs de rentrer aux vestiaires quelques minutes. Nicollin n'a pas accompagné son équipe. Il a préféré rester pensif sur le banc de touche. Après plus de vingt minutes d'interruption, son rêve se poursuivait dans la douleur avec les deux buts parisiens signés Pastore (61e) et Motta (75e) qui empêchaient de vivre plus sereinement la deuxième période. Un deuxième but des hommes de Jean-Guy Wallemme et le titre s'envolait. La tension était palpable dans les tribunes où les fans héraultais étaient visiblement agacés par la tactique petit bras de leur équipe.

La libération d'Utaka

Les supporters auxerrois n'en avaient pas fini avec leurs bêtises du soir. Après avoir affiché un immense tifo avec l'inscription RIP (repose en paix) et le logo de l'AJA, ils ont balancé pétards et fumigènes sur la pelouse obligeant une nouvelle fois l'arbitre à interrompre les débats de longues minutes et voir les CRS les encadrer de près avant de les évacuer.

Venait enfin la libération montpelliéraine avec le doublé de John Utaka (76e) dans un numéro de soliste parfait. Tout le peuple héraultais explosait de joie et criait : « On est champions ! On est champions ! » Plus rien ne pouvait plus stresser le président Nicollin, félicité par ses joueurs du banc de touche sur le but du Nigérian. Cela valait vraiment le coup d'avoir attendu 38 ans après la création du club pour fêter en fanfare ce premier sacre hexagonal ! La nuit risque d'être courte pour tous les amoureux du MHSC et les joueurs sont déjà prêts à partager avec leurs supporteurs leur trophée de champion, qu'ils recevront lundi dans leur ville.