A première vue, rien ne distingue ce banal break Ford de gendarmerie en service au peloton autoroutier de Narbonne (Aude) des véhicules de police que les automobilistes croisent chaque jour ou presque… Pourtant, celui-ci est très original et, pour l’instant, unique. Toute la nouveauté se cache en fait sous la rampe lumineuse de toit qui abrite six discrètes caméras ultra-sophistiquées plus deux autres dans l’habitacle. Le tout étant relié à un ordinateur embarqué qui ressemble à un iPad.
En test depuis un an, la L2V – L pour Lapi (lecture automatique des plaques d’immatriculation) et 2V pour vidéo-protection et verbalisation assistée par vidéo – arrive à maturité. 500 voitures seront donc équipées dès la fin 2011 (480 pour la gendarmerie et la police et 20 pour les douanes). Derrière ces acronymes à tiroirs, il y a un concentré de technologies développées par la société Survision de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).
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Une unité comme la mienne, composée de 28 gendarmes, identifie environ 5.000 à 6.000 véhicules par an. La L2V fait ce même travail en une journée », explique le lieutenant Franck Gidaro, le patron du peloton de l’autoroute A9 de Narbonne.
La L2V a déjà retrouvé 300 véhicules volés ou placés sous surveillance, le long de cette autoroute dont le trafic marchandises nord-sud est très important et qui est fréquenté par les touristes de l’Europe entière.
Plus de 1.500 plaques à l’heure
La Lapi permet de surveiller les contrevenants jusqu’à 750 mètres de distance. Les autres caméras de toit qui visionnent à 180 degrés lisent les plaques autour de la voiture dans un rayon d’une dizaine de mètres au plus. En zone urbaine, c’est plus de 1.500 plaques qui sont lues et contrôlées en une heure. Sur autoroute, en roulant, le constat d’infraction devient imparable grâce à la vidéo. Le système permet même de lire une plaque lors d’un croisement à plus de 180 kilomètres/heure.
Autre avancée, les informations sur les véhicules volés en France, comme en Espagne et au Portugal, sont actualisées quatre fois par jour, ce qui permet d’être extrêmement réactif.
La première L2V est pilotée par l’adjudant-chef Jacques Cauneilles qui a été chargé de l’expérimentation et de la validation de ce système.
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Dans un proche avenir, les véhicules seront banalisés, les caméras dissimulées dans les rétroviseurs et les portières », résume le sous-officier qui a permis à Survision, grâce à son expérience de terrain, d’améliorer les fonctionnalités, comme le zoom automatique en restant cadré, le non-éblouissement des caméras, la possibilité de lire les plaques des poids lourds ou des bateaux installés sur les remorques, ou encore la vision à 360 degrés. «
Ce qui m’a plu, conclut-il,
c’est que l’on a confié à des gens de terrain la charge de l’expérimentation et de sa validation. »
Par
De notre correspondant Pascal Parrot