Nous sommes allés en exploration dans le seul club de sumo de France, basé au cœur de Paris. Une exception culturelle.
Une bonne claque dans le visage. C’est l’impression qui ressort après avoir vu et pratiqué un combat de sumo. C’est aussi l’une des nombreuses méthodes utilisées par les sumotoris pour déstabiliser leurs adversaires et tenter de le pousser hors du dohyô, ce cercle de quatre mètres et demi de diamètre servant d’aire de combat. Comme tous les dimanches, une dizaine de passionnés ont investi la salle des arts martiaux du gymnase Jean-Dame de Paris, près du métro Sentier. Ils s’appellent Antoine, François ou Bruno. Beaucoup ont pratiqué le judo. Tous, étrangement, pèsent moins de cent kilos. « Il faut effacer l’idée que le sumo est réservé aux gros ! » me lance Antoine Marvier, le responsable, 80 kg tout mouillés, mais des avant-bras dignes de ceux de Popeye. Son club, Paris Sumo, est le seul répertorié dans l’Hexagone. Il est une exception, un grain de riz perdu dans le vaste univers des sports de combats français. De son sac, Antoine sort un mawashi de sa fabrication – une bande de tissu épais, large de 40 centimètres – qu’il plie puis enroule autour de ma taille. « Au début, nous nous sommes rencontrés sur un forum Internet, m’explique-t-il, torse dénudé. Rapidement, notre passion commune nous a poussés à aller plus loin. Un jour, nous nous sommes retrouvés à Vincennes, à sept ou huit, sous la pluie, par un temps abominable. On s’est rentrés dedans sans même s’échauffer. » Les apprentis sumotoris évoluent désormais entre quatre murs solides.
Après avoir installé le dohyô, les passionnés s’adressent un salut typique, appelé ritsurei, qui marque aussi bien le respect que le début de l’entraînement, mené d’une main de maître par Antoine. Il durera plus d’une heure et sera suivi d’exercices plus spécifiques. La matinée se conclura au rythme de combats ne dépassant pas la minute, mais explosifs, impressionnants, éprouvants pour le cœur et le cou. Une question se pose : faut-il souffrir pour être sumotori ? François, la quarantaine, refuse l’image « de sport brutal », préférant l’associer « au tir à la corde », à savoir un exercice de force. « Comme au judo, on travaille sur l’équilibre. C’est moins technique, avec moins de prises. »
Sport populaire en Europe de l’Est (la Pologne compte par exemple plus de 1.000 adhérents), le sumo perce tout juste en France. Il est encore confidentiel et ses pratiquants sont vus d’un drôle d’œil. Un père de famille venu avec ses enfants refusera par exemple notre interview filmée en prétextant « ne pas vouloir rejouer Le Dîner de cons ». Antoine Marvier reconnaît aussi que ses proches ont mis du temps avant de croire qu’il pratiquait le sumo. L’homme ne ménage pourtant pas ses efforts pour tenter de le développer. Il a d’abord essayé d’attirer l’attention de Jacques Chirac, fan déclaré, mais l’ancien président « n’est pas facile à joindre. » Il a par la suite alerté la Fédération française de judo, à laquelle le sumo est affilié, pour la prévenir de l’existence de son club. « On leur a envoyé un mail, ils savent qu’on existe. Tant qu’il n’y aura pas de médailles à gagner au bout, ce sera difficile. » Rêvant de devenir sport olympique, le sumo vient d’être secoué par un scandale de rencontres truquées au Japon, entraînant l’annulation du prestigieux tournoi d’Osaka. Les initiés s’interrogent : doivent-ils poursuivre le combat de la reconnaissance ou continuer à s’amuser en amateur ? Antoine et ses camarades sortent de la douche. Ils ont déjà fait le choix. Pour eux, ce midi, ce sera le restaurant Chez Chartier, ses escargots et son boudin noir, plutôt que le japonais de la rue Saint-Anne.
Jean-Philippe Cabral est l’un des rares sumotoris français à participer à des tournois en Europe.
FRANCE-SOIR Combien de tournois faites-vous par an ?
JEAN-PHILIPPE CABRAL Deux. Je prépare actuellement celui de Milan, prévu en mars. Je pourrai ainsi mieux répondre aux nombreuses invitations que je reçois pour combattre à l’étranger. J’ai été invité en Europe mais j’ai eu aussi des invitations pour combattre en Argentine ou aux USA. J’ai plus souvent perdu que gagné, mais cela m’importe peu.
F.-S. Gagnez-vous de l’argent avec les compétitions ?
J.-P. C. Non, je ne gagne absolument pas d’argent avec le sumo. Je prends à ma charge des frais importants comme le transport en train ou en avion, comme quand je vais en Estonie.
F.-S. Quel est votre meilleur souvenir ?
J.-P. C. Les meilleurs restent certains combats contre des pointures de la discipline. Dans l’épreuve toutes catégories, j’ai combattu des colosses de 130 à 160 kg. Et j’en pèse 78 !
« Vous me semblez bien fluet pour un sumotori ? » Antoine Marvier est susceptible. En guise de réponse, il m’invite à l’affronter. Cela m’apprendra à faire le malin. Il m’apprend qu’un combat commence lorsque les deux opposants ont chacun leurs poings posés au sol, sur ou derrière les deux bandes de couleur positionnées, les shikiri-sen au centre du cercle. Je n’ai qu’à le sortir du cercle ou lui faire toucher terre pour gagner. Plus facile à dire qu’à faire. Antoine, agressif, m’attaque et tente de me bloquer les mains. Je le repousse en agrippant son mawashi puis tente de l’éjecter hors du cercle. La suite ? A voir sur France-Soir.fr…
6… tournois principaux par an au Japon, où le sport est roi.
30… heures d’entraînement par semaine pour les professionnels.
150… kg, le poids moyen d’un lutteur de sumo professionnel. Certains atteignent les 260 kg.
10.000… calories avalées par jour par un sumotori japonais, soit cinq fois plus que la moyenne nationale.
25.000… dollars de salaire mensuel pour les yokozunas, les sumotoris au rang le plus élevé
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